
Le Président de la République devrait annoncer prochainement le plan numérique qui donnera le cap de la politique Internet de la France et, à cette fin, exposera un faisceau de propositions.
Que personne ne se trompe sur l'enjeu de ce discours. Il ne doit pas s'agir d'une litanie de mesures sectorielles plongées dans une sauce technico-lyrique dont l'Internet a le secret. Ce discours est probablement un des plus importants du mandat de Nicolas Sarkozy.
Le 25 mai 1961, John Kennedy demande au Congrès de lui accorder le financement nécessaire pour envoyer un homme sur la Lune avant dix ans. Était-ce un simple discours sur la politique aéronautique des États-Unis ? Non. S'il est resté dans nos mémoires, c'est parce qu'il exprime la force d'une nation qui se rassemble pour relever un défi, ici celui de l'avance spatiale soviétique - le Russe Gagarine a tourné autour de la Terre le 12 avril -, et qui par cette impulsion majeure met en mouvement une nation, ses talents et ses ressources pour restaurer sa primauté technologique et ainsi - en ce temps de Guerre froide - affirmer la suprématie du monde libre.
Quel rapport avec la France de 2008 ? N'avons-nous pas aussi, comme l'Amérique d'alors débordée par l'Union Soviétique, un genou à terre ? L'interdépendance mondiale comme les technologies de l'information remettent en cause les modèles hérités du passé et rebattent les cartes. Nait le sentiment, partagé par beaucoup, d'une dépossession de notre destin et, selon certains, d'un déclassement, voire d'une marginalisation de notre pays. Cette inquiétude est accrue par les sentiments contradictoires d'une incapacité organique à s'adapter et l'angoisse d'être les perdants des évolutions utiles, si elles venaient à aboutir : d'où l'attente d'une réponse politique forte à la hauteur de la mutation en cours.
Quel rapport avec l'Internet ? L'Internet est un phénoménal multiplicateur de valeur, car la connexion change tout. Expliquons-le par une analogie : un téléphone déconnecté permet de jouer au solitaire, branché il permet de changer le monde. Intégrer le multiplicateur Internet à la société française est le défi du moment présent. Il s'agit non seulement d'un effort technologique correspondant à une priorité de compétitivité, mais de la chance unique de contourner et de neutraliser les paralysies et les blocages de notre société. C'est en cela que ce défi technologique devient politique, car il met la société en mouvement.
Le réseau est un gigantesque bricolage coopératif parallèle aux structures traditionnelles qu'il court-circuite. Les bastions monopolistiques, les fermiers généraux des passages obligés, les rentiers de l'improductivité, les étranglements administratifs sont désormais confrontés à une alternative qui les dépasse et les dépossède. Sur le réseau, le talent vaut plus que la taille. Sur Internet, une start-up peut remettre en cause une industrie.
Les pays qui actuellement saisissent la chance de ce détartrage au mégabit y trouveront une réponse aux risques de la mondialisation par le gain de productivité de leur industrie, de leurs services, de leur système éducatif. Ce qu'une start-up peut faire, un État le peut aussi : se servir du levier Internet pour atteindre ses objectifs. C'est la nouvelle règle du jeu : la dynamique Internet au service de la réforme politique.
Corolaire de la nouvelle règle du jeu : l'État ne peut plus traiter l'Internet comme un parasite ou l'appréhender sur ses seuls dangers. La création d'un « Ministère de l'Internet » confié à Éric Besson est en ce sens un signe majeur. La qualité de son travail, depuis lors, en est un second.
L'Internet devient le premier secteur de croissance qui rayonne sur tous les autres et la première industrie de ce secteur est le code informatique, cette intelligence logicielle qui concentre la valeur de ce nouveau monde. La France doit se doter d'une politique industrielle de l'Internet, disposer de champions agrégateurs d'un écosystème d'entreprises créatives, et capables de rivaliser au niveau international. L'enjeu n'est pas qu'économique, c'est la maîtrise de l'organisation, de l'accès, du traitement et du stockage de l'information : c'est la souveraineté numérique. Et ce qui est vrai en France l'est également au niveau européen.
Enfin, l'Internet, c'est l'émancipation créative et populaire, c'est aussi un atout donné à la nouvelle génération de s'en sortir, de s'émanciper, de s'intégrer et d'ajouter sa vraie et immense valeur à la société tout entière.
Voilà donc ce cap Internet qui, comme la conquête de la Lune, entraîne et élève la société tout entière et la conduit non seulement vers un nouvel horizon, mais lui fait retrouver son génie collectif.
Que personne ne se trompe sur l'enjeu de ce discours. Il ne doit pas s'agir d'une litanie de mesures sectorielles plongées dans une sauce technico-lyrique dont l'Internet a le secret. Ce discours est probablement un des plus importants du mandat de Nicolas Sarkozy.
Le 25 mai 1961, John Kennedy demande au Congrès de lui accorder le financement nécessaire pour envoyer un homme sur la Lune avant dix ans. Était-ce un simple discours sur la politique aéronautique des États-Unis ? Non. S'il est resté dans nos mémoires, c'est parce qu'il exprime la force d'une nation qui se rassemble pour relever un défi, ici celui de l'avance spatiale soviétique - le Russe Gagarine a tourné autour de la Terre le 12 avril -, et qui par cette impulsion majeure met en mouvement une nation, ses talents et ses ressources pour restaurer sa primauté technologique et ainsi - en ce temps de Guerre froide - affirmer la suprématie du monde libre.
Quel rapport avec la France de 2008 ? N'avons-nous pas aussi, comme l'Amérique d'alors débordée par l'Union Soviétique, un genou à terre ? L'interdépendance mondiale comme les technologies de l'information remettent en cause les modèles hérités du passé et rebattent les cartes. Nait le sentiment, partagé par beaucoup, d'une dépossession de notre destin et, selon certains, d'un déclassement, voire d'une marginalisation de notre pays. Cette inquiétude est accrue par les sentiments contradictoires d'une incapacité organique à s'adapter et l'angoisse d'être les perdants des évolutions utiles, si elles venaient à aboutir : d'où l'attente d'une réponse politique forte à la hauteur de la mutation en cours.
Quel rapport avec l'Internet ? L'Internet est un phénoménal multiplicateur de valeur, car la connexion change tout. Expliquons-le par une analogie : un téléphone déconnecté permet de jouer au solitaire, branché il permet de changer le monde. Intégrer le multiplicateur Internet à la société française est le défi du moment présent. Il s'agit non seulement d'un effort technologique correspondant à une priorité de compétitivité, mais de la chance unique de contourner et de neutraliser les paralysies et les blocages de notre société. C'est en cela que ce défi technologique devient politique, car il met la société en mouvement.
Le réseau est un gigantesque bricolage coopératif parallèle aux structures traditionnelles qu'il court-circuite. Les bastions monopolistiques, les fermiers généraux des passages obligés, les rentiers de l'improductivité, les étranglements administratifs sont désormais confrontés à une alternative qui les dépasse et les dépossède. Sur le réseau, le talent vaut plus que la taille. Sur Internet, une start-up peut remettre en cause une industrie.
Les pays qui actuellement saisissent la chance de ce détartrage au mégabit y trouveront une réponse aux risques de la mondialisation par le gain de productivité de leur industrie, de leurs services, de leur système éducatif. Ce qu'une start-up peut faire, un État le peut aussi : se servir du levier Internet pour atteindre ses objectifs. C'est la nouvelle règle du jeu : la dynamique Internet au service de la réforme politique.
Corolaire de la nouvelle règle du jeu : l'État ne peut plus traiter l'Internet comme un parasite ou l'appréhender sur ses seuls dangers. La création d'un « Ministère de l'Internet » confié à Éric Besson est en ce sens un signe majeur. La qualité de son travail, depuis lors, en est un second.
L'Internet devient le premier secteur de croissance qui rayonne sur tous les autres et la première industrie de ce secteur est le code informatique, cette intelligence logicielle qui concentre la valeur de ce nouveau monde. La France doit se doter d'une politique industrielle de l'Internet, disposer de champions agrégateurs d'un écosystème d'entreprises créatives, et capables de rivaliser au niveau international. L'enjeu n'est pas qu'économique, c'est la maîtrise de l'organisation, de l'accès, du traitement et du stockage de l'information : c'est la souveraineté numérique. Et ce qui est vrai en France l'est également au niveau européen.
Enfin, l'Internet, c'est l'émancipation créative et populaire, c'est aussi un atout donné à la nouvelle génération de s'en sortir, de s'émanciper, de s'intégrer et d'ajouter sa vraie et immense valeur à la société tout entière.
Voilà donc ce cap Internet qui, comme la conquête de la Lune, entraîne et élève la société tout entière et la conduit non seulement vers un nouvel horizon, mais lui fait retrouver son génie collectif.