Skyrock.com
  • ACCUEIL
  • BLOGS
  • PROFILS
  • CHAT
  • Apps
  • Musique
  • Sources
  • Vidéos
  • Cadeaux
  • Connecte-toi
  • Crée ton blog

Sommaire

Internet est le serpent arc-en-ciel (New)

L'Internet Industriel - La marque sociale - The Future of Social Networks (en) - Le devenir des réseaux sociaux
 Une clef pour comprendre les évènements de Tunisie - Un Conseil pour le numérique -
La spécificité des 15-24 ans sur le web - Gagner la mondialisation - Gagner avec Skyrock - Communiquer avec Internet - Le débat Convergence - L'accès aux réseaux - Les trois Internets - La nétamorphose
La radio du futur - Le réseau social - Jean-François Bizot - SuperNana - Cursus
Le Tropisme de l'autre monde - L'Urgence numérique - Extension du « Je » - Le Dividende Numérique
La seconde fin du Moyen-Âge - L'avenir des opérateurs - Une politique industrielle - Entretien "Comprendre"
Propos sur l'innovation - Présentation du 6 juin 2008 - Le Président, la Lune et l'Internet
Contre la crise : Internet - Image des femmes dans les médias - La radio IP - Génération Obama
Ne nous trompons pas... (+ English) Diversité et Médias - Audition Grand Emprunt
Audition Création et Internet - Audition Neutralite du Net - Entretien avec Pierre Bellanger
La jeunesse, un mythe dépassé - Le marché conscient
Site officiel : PierreBellanger.com

#Posté le lundi 15 janvier 2018 04:32

Modifié le lundi 29 avril 2019 05:58

Les Décideurs du Net : Pierre Bellanger


Le fondateur et directeur général de Skyrock, Pierre Bellanger, était l'invité de l'émission «Les Décideurs du Net» présentée par le JDN et Décideurs TV, en partenariat avec Offremedia, ce jeudi à 12h30. Le pionnier des radios libres n'a éludé aucun sujet. «L'accès illimité et gratuit à la musique sur Internet oblige les radios à revoir leur offre de valeur», explique-t-il, précisant qu'à ce titre un NRJ lui semble plus exposé que les autres. «Nous, on fait marcher la musique qu'on diffuse, eux, ils diffusent la musique qui marche.» Et selon lui, «ce sont les radios à personnalité, les radios vivantes qui ont le plus d'opportunités».
Il a par ailleurs annoncé le lancement prochain, en partenariat avec Orange, de l'application «Big Central», une application d'offre d'emplois, nouvelle génération, 100% mobile, vidéo et interactive. «Les employeurs potentiels comme les candidats s'exprimeront en vidéo.»
 

 
Via : JDN et Décideurs TV

#Posté le vendredi 29 novembre 2013 11:07

Modifié le vendredi 29 novembre 2013 11:25

La marque sociale

Par Pierre Bellanger, président et fondateur de Skyrock
 
Une transaction humaine est toujours double. À la transaction physique d'un bien ou d'un service s'ajoute une transaction invisible entre les personnes : la mise en équation par chacun de la probabilité de l'honnêteté de l'autre.

Outre la disponibilité du bien, cette rationalité cachée est un des principaux freins au développement du commerce et de l'économie.

Pour y pallier, pour créer de la confiance, les sociétés traditionnelles, dépourvues d'état de droit, voire de monnaie garantie, se sont appuyées sur leur organisation en réseaux, groupes fermés et hiérarchies, pour intégrer le commerce à ces liens de confiance organiques. La trahison, et donc l'exclusion de ces fraternités humaines, signifiait souvent la mort.

Ces attaches se renforçaient par l'imprégnation métaphysique de la société, par ses croyances partagées,  par la valeur accordée au respect des conventions, des autorités familiales, religieuses et sociales, ainsi que par valorisation de la reconnaissance de ses pairs et de la réputation du groupe. Ce contexte contraignant obligeait au respect de la parole au sein de la communauté.

Souvent le producteur du bien en faisait lui-même le commerce initial en un lieu unique et son activité se perpétuait par tradition familiale ou collective. À partir de là, l'établissement de liens commerciaux répondait d'un processus lent, exclusivement tributaire des relations humaines, et constituait en soi un lourd investissement engageant les individus et leurs associations sur plusieurs générations. L'importance cruciale des relations des uns envers les autres ôtait toute rentabilité à la malhonnêteté de court terme, tant la transaction s'inscrivait dans un contexte d'interdépendances.

L'âge industriel a rompu ce réseau de liens et désarticulé ses maillons jusqu'à éparpiller la production d'un seul objet en une myriade de fournisseurs sur la planète entière. De rares et uniques, les objets sont désormais, pour la plupart, produits en masse et presque à l'identique par de multiples sources. Les réseaux de distribution sont devenus de gigantesques entrepôts de marchandises en rotation rapide. Les producteurs dominants se sont constitués en corporations parfois plus riches que des nations et dont la propriété se joue au gré des marchés entre une infinité de détenteurs de court terme. La monétique a souvent remplacé l'éthique et la maximisation du profit immédiat structure les échanges. Le petit monde des transactions entre connaissances est devenu le grand monde des transactions entre anonymes.

Certes, le commerce de proximité - par sa lointaine ressemblance avec la tradition privilégiant le rapport humain -, et les services, par la présence directe des prestataires, ont, malgré tout, relativement échappé à cette révolution, mais ils en adoptent de plus en plus la logique sous la pression du marché.

Le défi de la société industrielle a été de remplacer la confiance en circuit fermé de culture médiévale par la confiance entre inconnus dans une société ouverte.

Hormis l'abandon de toute réserve que le c½ur commande, la confiance résulte d'un raisonnement qui met en équation par chacun le coût de la transgression par l'autre. L'escroquerie résulte de la manipulation habile de ce mécanisme.

Il fallait donc repenser les termes de l'équation pour décourager le mensonge dans une société atomisée aux liens faibles et se détachant d'obligations morales collectives. La réponse tient d'abord à la souveraineté de l'État et au droit : les individus sont titulaires d'une identité juridique qui en fait des personnes uniques reconnues légalement et disposant de droits et de devoirs. Cette reconnaissance est étendue aux personnes morales. Ces agents - au sens d'acteurs autonomes - sont soumis à des règles communes qui régissent leurs rapports et la contravention de la loi est punie ; une vaste administration y veille. Les droits de propriété, y compris intellectuelle, sont assurés. Enfin, leurs échanges sont normalisés et contrôlés : de la langue, des poids et mesures, du temps et de la monnaie fiduciaire.

La société civile, quant à elle, impose la démocratie et la liberté d'expression et crée, par l'opinion publique, un autre contrepoids vigoureux aux man½uvres et malversations, à tous les échelons de la société.

Cela dit, le commerce traditionnel ne vend pas des produits, mais une prestation complexe intriquant en une chaîne de confiance unique la production, sa distribution et les prestations éventuelles d'accompagnement. S'y ajoute la notoriété et la réputation, propagées en une lente capillarité de bouche à oreille, par les consommateurs et poussée plus au loin par les marchands itinérants et voyageurs.

Que faire lorsque de vastes marchés d'abord nationaux sont soudain ouverts, servis par les transports et une capacité de production industrielle nouvelle ?

Pour pénétrer l'écheveau des marchands locaux, il faut organiser une force commerciale qui leur propose son produit en le distinguant de tous les autres par une identité propre et des vertus spécifiques. C'est le début de la marque qui rend remarquable, qui sépare du commun des produits proches déjà en vente. Des cachous, certes, mais des cachous                « Lajaunie ».

La mise en place du produit constitue un investissement pour le producteur, comme pour le distributeur : chaque jour sur l'étalage coûte et, demain, si le produit ne se vend pas, il sera remplacé par un autre, plus rentable ; il faut donc vendre dans les meilleurs délais, au plus grand nombre, un produit qui leur est inconnu. Le développement simultané des médias de masse : presse, affichage, puis radio et télévision, va apporter le moyen de la notoriété populaire immédiate : la publicité.

Ainsi, se développe un système de division fonctionnelle universelle : les mêmes producteurs fabriquent toute sorte de produits distribués par des canaux identiques, promus par des messages imaginés par des agences de publicité multi-clients sur des médias eux-mêmes supports de toutes les promotions. Quant aux acheteurs, on en ignore tout.

Une chaîne complexe et anonyme sert une foule non identifiée. Dans le même temps, la compétition entre les produits s'intensifie. La méconnaissance des clients, de leurs attentes ainsi que de la concurrence n'est plus tenable. Se développe alors, à grande échelle, une nouvelle discipline de compréhension du marché destinée à éclairer les choix industriels : le marketing.

Le déplacement du centre de gravité du marché des producteurs vers les consommateurs révèle qu'autant la production résulte d'une association complexe de compétences et de moyens, autant la consommation ne se résume pas à la simple acquisition d'un bien, mais, comme jadis, à la conjugaison intégrée d'une représentation mentale, de l'avis d'autrui, de la comparaison aux offres concurrentes, d'un environnement d'achat, d'un usage par soi et les autres et de la relation au producteur tout au long du cycle de vie du produit. Bref, la marque n'est plus simplement l'identité d'un produit, mais une expérience, à la fois psychologique et factuelle, individuelle et collective.

Cette extension du territoire de la marque la met en tension sur toutes les composantes qui contribuent à la création de cette expérience qui lui est attribuée. Les intermédiations par des tiers en relation directe avec le client, comme la distribution ou la maintenance, représentent un risque majeur.

Risque d'une dégradation de l'expérience, risque de se voir substituer un concurrent - les marques distributeurs par exemple -, risque de perdre l'information en retour des clients, capitale pour corriger ses erreurs et se réajuster à leurs attentes.

De plus, pour se différencier sur un marché saturé, la maîtrise de cette expérience est un avantage concurrentiel évident. C'est pourquoi, on a vu certaines marques installées ouvrir leur propre réseau de distribution et se préoccuper directement de l'aide à leurs clients tout au long de leur parcours post-achat. C'est le cas dans la téléphonie mobile où le réseau de boutiques de vente et d'assistance est un atout majeur. C'est encore le cas, de façon exemplaire, en informatique, avec le réseau des « Apple Store » où se trouvent les « Genius Bar », disponibles pour conseiller les clients et résoudre leurs problèmes.

Dans cette expérience de consommation, la part du produit, souvent interchangeable et sans cesse remplacé par de nouveaux modèles, diminue au profit du halo de services qui l'accompagne et de la relation au client qui s'inscrit dans la durée. Les marques sont d'ailleurs amenées à personnaliser leur rapport avec chaque client, agrégées en catégories, afin de maximiser le rendement de cet effort.

C'est dans ce contexte qu'explose Internet.

Internet est un réseau de mise en relation de tous les anonymes entre eux, donnant à chacun la faculté de s'adresser à tous les autres. Il fonde une conversation publique entre tous qui n'a pas d'équivalent d'une telle magnitude dans l'Histoire.

La marque s'exprimait quasi exclusivement par l'intermédiaire d'insertions de messages sur des supports passifs, que ce soit des objets comme les journaux, ou des flux comme la radio ou la télévision. Elle acquiert sur Internet une nouvelle dimension où elle devient interactive : elle participe à la conversation  - désormais directe, contradictoire et symétrique -, répond, échange, prend en compte et évolue : sur Internet, la marque se comporte comme une personne.

La conversation populaire en réseau devient la première source quantitative d'informations sur les produits et services. Le nouveau média, ce sont les gens. Qualitativement, le discrédit croissant des autorités en place et des discours positifs officiels donnent une prime de vraisemblance à l'expression alternative et critique du tout-venant anonyme. La confrontation à ces avis et témoignages est désormais une étape obligée de tout achat significatif et même d'une application pour mobile à 0.99 ¤. La conversation sur Internet est le lieu de formation de la décision d'achat.

La somme des informations volontaires et involontaires que les utilisateurs laissent sur le réseau est une ressource considérable dont l'exploitation a fait la fortune des plus grandes entreprises du secteur : pas de Google sans liens entre les pages, générés par les utilisateurs ; pas d'eBay sans réputation des vendeurs ; ou d'Amazon sans recommandations issues des autres acheteurs. Cette intelligence collective est de plus en plus utilisée en amont pour améliorer et innover mais, également, se voit intégrée à l'expérience de la marque.

L'Internet est donc le lieu de convergence de la part de voix prépondérante, de la décision d'achat, de l'intégration de l'intelligence collective aux produits, aux services et à leur expérience par les utilisateurs. C'est enfin un lieu de vente : la part du commerce en ligne est en progression constante. Et d'un même mouvement, les médias pré-Internet migrent sur le réseau qui leur donne la chance d'une nouvelle modernité.

Cette centralité du réseau va s'accroître de façon vertigineuse avec le déploiement des terminaux intelligents et de l'Internet mobile. La géolocalisation, le groupement dynamique d'acheteurs et les bons d'achats virtuels vont révolutionner le secteur. L'Internet est destiné à devenir notre interface majoritaire juste après le réel ; tandis que, dans un avenir pas si lointain, les deux fusionneront.

Enfin, sont nés sur Internet des services dédiés spécifiquement à la mise en relation des personnes entre elles et qui ont fait de la conversation le c½ur même de leur activité : les réseaux sociaux. Le réseau social est à la fois média par le carrefour d'audience qu'il constitue, médiateur - parce qu'il est l'interface des échanges interpersonnels qui y interviennent - et distributeur par les transactions qu'il héberge.

Après une première étape d'expérimentation où l'Internet a été ajouté au dispositif média traditionnel, la plupart des marques, reconnaissant la vertu de l'interaction avec les utilisateurs, ont placé l'Internet, non plus en supplément, mais comme axe central de leur communication : les autres médias, y compris l'Internet, servent soit à conduire du trafic vers une interaction en ligne organisée avec les utilisateurs, soit orientent vers un site ad hoc.

Les réseaux sociaux se sont trouvé les mieux placés pour proposer ou accueillir ces communications interactives. La phase expérimentale actuelle consiste d'ailleurs pour de nombreuses marques à délocaliser leur socialisation sur ces services.

En fait, il s'agit là d'une étape transitoire. Car, l'Internet a sur les marques un effet équivalent à celui de l'essor industriel sur les produits d'antan. Il n'implique pas seulement un changement de stratégie, mais un changement de nature.

Les marques pré-Internet ajoutent la conversation à leur dispositif ; les marques nouvelles naissent en son sein et croissent avec dès leur origine. La conversation est même le vecteur de leur développement et la seule chance qui leur est donnée, hormis la qualité de leurs produits ou services, de dépasser les entreprises du siècle dernier.

La marque post-Internet se caractérise par une symbiose originelle avec ses consommateurs avec laquelle elle forme une unité fusionnelle orientée en profondeur sur le service et la relation personnalisée et continue. Le produit - ou le service - est indissociable de sa distribution, de son usage, des prestations et du suivi qui l'accompagne, ainsi que de son réseau relationnel qui en est partie prenante. Chaque étape est pensée comme un service intégrant l'apport de la communauté, que cela soit dans le choix initial du produit, que dans les solutions en cas de souci. Cette implication collective est telle que la marque ne saurait fonctionner s'il advenait qu'elle soit privée de cette interactivité. Dans le domaine de la distribution, un des bons exemples de ce modèle est le service américain de vente de chaussures en ligne : zappos.com, ou encore le service anglais de vente de mobilier : made.com.

Comme le public en réseau est le premier médiateur de l'expérience qu'est devenue la marque, la communication publicitaire évolue du couple message-cible, au couple expérience-réseau. L'expérience est le message, la clientèle en réseau est le média.

Pour les marques ne disposant pas de budget publicitaire propre, la communauté assure seule - quoique lentement - rayonnement et propagation. Pour les marques qui investissent dans la publicité, cette dernière devient l'accélérateur le plus efficace de cette dynamique participative. Car, la publicité a le contact le plus puissant et le plus rapide avec ce qui restera toujours le public le plus vaste : les non-consommateurs.

Le modèle de la marque pré-Internet est la machine. Elle répond d'une culture mécanique. Les pièces existent préalablement, autonome les unes des autres, et sont ensuite assemblées pour fonctionner. On peut la représenter comme une série de sphères emboîtées. La première sphère, ou noyau, est le produit et ses services d'accompagnement, sans autre attribut ; la seconde sphère est son identité et les signes qui le distinguent - c'est la définition initiale de la marque - ; la troisième est sa distribution - physique et virtuelle -, la plupart du temps sans lien autre que contractuel avec la marque ; la quatrième : les utilisateurs en réseau, pour l'essentiel sans relation avec la marque ; la cinquième et dernière sphère : la publicité.

Le modèle de la marque post-Internet est autre : c'est celui de l'organisme vivant et de l'écosystème. Il répond d'une culture organique. C'est-à-dire un système complexe de fonctions interdépendantes constituées en une unité et croissant de concert. Le produit, le service, la distribution, la clientèle, la communication forment un organisme dont la conscience et l'expression proviennent de l'interaction entre l'équipe de l'entreprise et ses consommateurs en réseau.

Cette unité repose sur un principe simple : l'organisme est un réseau social. La marque post-Internet est un réseau social transactionnel.

La question qui vient à l'esprit est la pertinence de ce modèle pour les grandes marques installées et les groupes considérables qui les animent. La réponse, ce sont les consommateurs qui l'ont donné en intégrant Internet à leur vie quotidienne à chaque fois que cela leur facilitait la vie.

Et, dès lors que les consommateurs fréquentent une marque post-Internet, ce qui sera de plus en plus souvent le cas, ils font, pour beaucoup, de cette relation attentive leur référence, ce qui rend l'absence d'attention traditionnelle tout à fait désagréable et frustrante.

Enfin, toute marque plongée dans un réseau devient un réseau elle-même, qu'elle le veuille ou non. La réticulation est inexorable. Le déni, la résistance, la manipulation ou le simulacre n'auront pour effet que d'en accentuer les effets négatifs.

Donc la mutation est là, c'est sa maîtrise ou non qui est la vraie question. Certes, il est plus facile de créer que de changer, mais les grands acteurs ont démontré une stupéfiante capacité d'adaptation ces dernières années. Et cela leur a réussi. Il leur faut donc évoluer vers ce modèle organique de réseau social transactionnel, nouvelle expression de la marque.

Cette métamorphose n'est pas mal engagée. D'ores et déjà, elle est latente ou en gestation chez certains. Par ailleurs, les expérimentations tous azimuts sont riches d'apprentissages. Ce qui est nouveau, c'est que la vision directrice est désormais tracée : le réseau social devient pour les marques le c½ur stratégique : la marque devient une marque sociale.


L'évolution en réseau social n'est pas exclusive aux marques. Les médias connaissent la même évolution et s'orientent vers la fusion interactive avec leur audience. La distribution procède de même avec sa clientèle : avis, recommandations, achats groupés ... Cette socialisation en réseau affectera progressivement toutes les activités et par conséquent les entreprises avec leurs équipes, clients et fournisseurs ; ainsi que les collectivités publiques dans la relation avec leurs électeurs.

D'où provient cette puissance d'attraction du réseau et sa capacité à modéliser la société tout entière ? En fait, l'Internet est le principal levier de création de valeur des temps modernes. Il accroît l'utilité et le potentiel de ce qui s'y connecte. Ce qui se joint à la dynamique Internet croît, ce qui ne s'y couple pas décroît.

Ces réseaux répondent de la loi de Metcalfe qui pose que la valeur d'usage d'un ordinateur en réseau est proportionnelle au carré du nombre de machines auquel il se relie. Intuitivement, on comprend bien qu'un téléphone mobile sans réseau ne sert pas à grand-chose, mais que, connecté, il change notre vie. Dix machines en réseau, cela donne 10², soit 100, de valeur par machine ; une onzième machine est ajoutée, la valeur de chaque machine, y compris la dernière, devient 11², soit 121. Une seule nouvelle machine s'est jointe et toutes les autres machines déjà reliées voient leur valeur s'accroître de 21 % ! Il y a près de 2 milliards de machines connectées à Internet et des centaines de milliers rejoignent le réseau chaque jour...

Cette loi est valable aussi pour les personnes : le potentiel, l'émancipation d'un individu sont proportionnels au nombre de personnes auxquelles il est connecté.

Cette propriété de multiplicateur de valeur est telle qu'elle ordonne les sociétés humaines. Jadis, les premières agglomérations s'implantèrent près des voies navigables et des mers parce que ce mode de transport est le plus efficace et le plus économique. L'hydrographie a structuré la répartition et l'organisation des populations. Les réseaux jouent aujourd'hui ce même rôle.

L'aboutissement global de ce processus est un écosystème de réseaux sociaux entrelacés et superposés, issus de l'évolution des acteurs actuels et des natifs de l'Internet.


La marque sociale voit donc son activité sociale directement confrontée à l'intégration sociale des acteurs du modèle traditionnel - distributeur, médias - ainsi qu'aux services originaux de réseaux sociaux, eux-mêmes en évolution. Quelle stratégie pour réussir dans ce nouvel environnement ?

Le meilleur point de départ est de prendre appui sur la typologie du public dans sa relation à la marque.

On distingue, en fonction leur degré d'engagement,  7 catégories de population :

1-    les indifférents : la marque n'existe pas dans leur vie. Pour la plupart des marques, c'est la population la plus nombreuse ;

2- les opinionistes : ils n'ont pas d'expérience de la marque, mais en parlent, afin de se mettre en valeur. Leurs sources sont l'humeur commune, les médias, le réseau, la rumeur, les critiques, les préjugés, le passé et tous les débris spatiaux qu'une marque laisse derrière elle sur son parcours ;

3- les indécis : la marque est entrée dans leur environnement mental ou physique. Ils hésitent à en devenir consommateurs ;

4- les utilisateurs : ils consomment la marque, mais sans attachement particulier. Elle peut être remplacée à tout moment par un autre produit ou service de base à meilleur prix ;

5- les afficionados : la marque est entrée dans leur vie et s'y est associée, créant un lien émotionnel. Quand ils en parlent, ils parlent d'eux-mêmes. Cette affection se traduit par une expression positive et parfois une expertise ;

6- les contributeurs : la marque fait partie de leur identité. Ils personnalisent leur expérience, partagent leurs connaissances et veulent apporter leur concours pour l'améliorer ;

7- les rageux : victimes d'une mauvaise expérience ou en conflit avec la représentation et les objectifs de la marque, ils s'engagent personnellement pour alerter le plus grand nombre de ses méfaits réels ou imaginaires.

Chacune de ses populations a des attentes et des besoins différents. Pour chacune d'entre elles, la marque doit mettre en ½uvre une action spécifique.

1-  les indifférents : le premier moyen pour les toucher est la publicité. L'objectif est ici d'apparaître dans leur univers mental en attirant l'attention puis en suscitant l'intérêt. La publicité s'entend ici comme définie plus haut, c'est-à-dire avec une finalité ou une destination interactive. L'humour, le jeu, la magie, la séduction, l'aspiration, la promesse, l'avantage et la signature, tout cela en une seule histoire, c'est le meilleur de la publicité dont il s'agit ici ;

2-  les opinionistes : il faut les aider à briller, leur donner ce plus qui les distinguera. Que seraient les omega-3 sans eux ? C'est pourquoi, il faut distiller dans le système             - médias et réseau -, des anecdotes brèves et frappantes : « les omega-3 provenant d'huile de poisson sont oxydés et inefficaces, la meilleure source d'omega-3 non oxydés, ce sont les crevettes norvégiennes : le krill ». Chaque opinion est remplacée par celle qui accroît le plus le crédit de celui qui la propage ;

3-  les indécis : la clef de l'arbitrage entre des motivations contradictoires est la pression des pairs : le sentiment de ne pas faire ou de faire comme les autres est déterminant. L'indécis agira en fonction du comportement et des avis de son entourage direct ou indirect. La mise en contact avec l'expérience positive d'autrui est l'objectif de cette étape ;

4-  les utilisateurs : bien sûr, un prix moins élevé est attractif et c'est une cause majeure de changement de marque ; mais il y a une riposte : c'est la facilité, et donc le service. Les habitués du service « 1-click » d'Amazon - qui permet d'acheter en ligne avec un seul clic - perdent vite l'habitude d'aller comparer les prix sur d'autres sites pour gagner quelques dizaines de centimes, car la contrepartie sera de remplir chez le concurrent un fastidieux formulaire d'achat. Il faut faciliter la vie des utilisateurs et répondre à leur attente principale : le service ;

5-  les afficionados : ce sont les meilleurs ambassadeurs de la marque et les premiers utilisateurs inconditionnels de ses nouveautés. Ils apprécient d'être reconnus comme tels et de devenir des privilégiés de l'actualité de la marque dont ils auront plaisir à parler, surtout s'ils sont vecteurs d'informations exclusives. Ce qu'on peut appeler un délice d'initié. Leur lien fort à la marque doit se traduire par une relation particulière à leur égard ;

6-  les contributeurs : ils sont souvent ignorés, pourtant ils constituent une des principales sources d'innovation. Anticiper ne consiste pas seulement  à voir ce qui est devant, mais, bien souvent, ce qui est à côté, ce qu'on juge subalterne, voire méprise. En l'occurrence, ici des clients, dont l'inventivité se met bénévolement au service de la marque, tout autant que de ses utilisateurs en questionnement ou difficulté. Leur intelligence doit être sollicitée, exploitée, récompensée et reconnue publiquement : ils participent à l'aventure de la marque ;

7-  les rageux : le rageux est dans une relation émotionnelle inversée, sa détestation exprime son identité. Le rageux a besoin d'écoute, de sincérité et de vérité. D'abord, toute faute commise par la marque doit être reconnue publiquement, réparée et évitée à l'avenir. Ensuite, les théories conspirationnistes prospérant sur le silence et le secret, la marque doit constituer une « marquepédia », ou base de données exhaustive sur elle-même, et aborder tous les sujets avec responsabilité, bonne foi et transparence, y compris en y intégrant les propos des rageux pour y répondre. À défaut d'amitié, on peut gagner le respect : un exploit accessible et utile.

Le destin d'une marque se joue lors d'un contact entre un utilisateur et un afficionado, un rageux et un indécis ... Ignorer cette conversation n'est plus une option. Jadis, la question était « par quoi parle-t-on ? » Aujourd'hui, la question est « par qui parle-t-on ? ».

À ce jour, les marques ont souvent pris des initiatives intéressantes vers telle ou telle catégorie. Ce qui manque, la plupart du temps, à ce jour, c'est la coordination de ces démarches entre elles, leur agencement dans une réflexion aboutie, et une continuité dans le temps qui dépasse le rythme bref du marketing.

S'il fallait imaginer l'entreprise de demain, il est probable que le réseau social de marque serait au c½ur de son activité et que la mission de l'accompagner et de le piloter dans la durée serait dévolue à un « chief social officier » se coordonnant avec les différents métiers actuels.

Un produit en concurrence est progressivement dépouillé de tout ce qui est reproductible par la compétition l'obligeant à se concentrer sur son essence qui fonde son insubstituabilité et donc sa valeur. Mais, cette exclusivité n'est parfois pas suffisamment affirmée ou suffisante ; c'est alors la marque, comme identité, relation, service, perception, habitude, crédibilité, attachement, qui fera la différence. Sur Internet, ces vertus s'expriment sur le réseau social de la marque, c'est tout l'enjeu de la marque sociale.

Ainsi, le réseau social de la marque n'est pas un gadget ou une fonction périphérique, mais bien une composante majeure de sa valeur ajoutée, donc de sa valeur, et par conséquent un des meilleurs garants de sa marge.

Comment coordonner les publics et les réseaux sociaux ? La théorie du lagon est ici utile.

Un lagon est un petit lac naturel salé, séparé de la mer par le récif corallien. Les deux milieux, quoique différenciés, sont en échange constant.

Partant de l'océan du réseau, on suit un gradient d'engagement qui conduit au c½ur du lagon. C'est sur ce gradient que la marque doit utiliser les médias sociaux en fonction de ses objectifs.

Au départ, la mer : Internet et les réseaux sociaux ;  le contact rapide et de masse avec les indifférents se fait ici par la publicité. La proposition faite à l'internaute doit l'inciter à interagir avec la marque - individuellement ou collectivement - par des actions à gratification immédiate - comme des jeux, des services gratuits ou des bonnes affaires - qui la font découvrir. 

Ensuite, s'il le souhaite, l'internaute pénètre dans l'univers de la marque et rentre en contact avec la conversation des afficionados. Les afficionados, quant à eux, doivent bénéficier d'informations et de moyens pour accroître leur influence dans les cercles spécialisés : un joueur sur console sera toujours sensible à la qualité de l'information et de l'animation des sites amateurs consacrés au jeu qu'il pense peut-être acheter. Le réseau d'afficionados, ainsi que quelques sites dédiés, forment la barrière corallienne.

Ensuite, au sein du lagon, la marque créera un réseau d'espaces virtuels pour accueillir les catégories qui lui sont les plus proches, pour enfin, en son centre, intégrer la conversation à tous les dispositifs et services mis en ligne par la marque. Le service d'Apple d'achat en ligne de sources de divertissement « iTunes », comme le généraliste de vente en ligne, Amazon, intègrent l'intelligence de leurs clients à toutes les étapes de l'expérience d'achat et la conserve en exclusivité.

De la mer vers le lagon, on passe de la conversation, à la connivence puis à l'intégration.

Ce dispositif répond de deux logiques.

La première : derrière tout échange, il y a une transaction cachée  - le parallèle inversé du commerce, vu précédemment - ainsi une information n'est transmise qu'avec une contrepartie pour l'internaute telle que de la visibilité ou de la reconnaissance. L'information transmise n'est qu'un moyen pour son vecteur d'atteindre un objectif. Lorsqu'on utilise un réseau pour diffuser une information, on doit s'intéresser autant à la nature du message qu'au bénéfice immédiat de son propagateur.

La seconde : la communication doit générer un flux centripète en direction de la marque et donc être contributrice de trafic. L'objectif est de conduire les internautes vers le réseau social de la marque en utilisant les réseaux sociaux tiers non pas comme centre de gravité, mais comme étape de recrutement.

Bien entendu, il s'agit là d'une simplification qui ne rend pas compte de la complexité et de la mutabilité des circonstances et des rôles. Chacun peut être tour à tour, et parfois simultanément, membre hybride de plusieurs catégories. De plus, le réseau social de la marque n'est pas un parcours fléché, mais est accessible, comme tout réseau, par chacun de ses n½uds. Enfin, il faut s'adapter à la stratégie de chacun des acteurs socialisés.

La stratégie de « Facebook » est, par exemple, de monopoliser l'Internet interpersonnel. L'idée du premier réseau social mondial est de dépasser la logique de site pour devenir la couche interactive et sociale de tout l'Internet en disséminant sur l'ensemble du réseau des outils et des interfaces qui ramènent à lui. C'est la logique centripète précédemment évoquée. Des « like », aux listes d'amis exportables, aux dispositifs de connexion, ainsi qu'aux commentaires, et toutes les nouveautés à venir, le projet de Facebook est, en contrepartie d'une facilité de service, de s'approprier la valeur ajoutée d'Internet : la conversation entre les gens.

Ramener l'internaute à sa seule identité réelle et centraliser l'ensemble de ses interactions pour ensuite disposer vis-à-vis de tous les tiers d'une asymétrie de contrôle et d'informations sans précédent, voilà un atout qui sera utilisé par ce service, notamment pour les transactions et donc dans ses rapports de force avec les marques.

Ce que la grande distribution est pour les marques dans le monde réel, certains réseaux sociaux le seront demain dans le monde virtuel. N'en doutons pas : les marques de réseaux sociaux verront le jour à l'instar des marques distributeurs. Nos marques en découvriront peut-être la publicité sur leurs « fan pages ». Certains moteurs de recherche ont déjà fait de même en mettant en avant leurs propres services dans la liste des résultats de recherche.

De même, les distributeurs en ligne actuels, par la socialisation du processus de vente, génèrent une conversation conséquente - dont ils ont la maîtrise -  sur les produits qu'ils commercialisent, ce qui avantage proportionnellement leur position vis-à-vis des marques. N'oublions pas que la conversation est une valeur différenciante parce qu'elle améliore l'information du consommateur et éclaire ses choix. La conversation, par ailleurs, n'est pas duplicable à volonté et gratuitement, elle résulte d'un processus humain lent et délibéré qui ne s'établit pas du jour au lendemain. C'est pourquoi le distributeur le plus conversationnel aura certainement un trafic en rapport et des ventes corrélées et cette intermédiation supplémentaire accroîtra son poids dans toute négociation.

Certaines marques restent réticentes à cette évolution qui remet en cause des processus décisionnels, des territoires, des pouvoirs et des hiérarchies installées de longue date. Le terme même de « social » renvoie à une référence syndicale, politique ou à l'engagement citoyen de l'entreprise et ne paraît pas adapté. Ce sont des obstacles à dépasser. Les organisations sont faites pour évoluer et les mots s'enrichissent de sens nouveaux. Si on vous demande aujourd'hui si vous êtes « Mac » ou « PC », ce n'est pas pour savoir si vous êtes proxénète ou communiste.

Encore une fois, les réseaux sociaux ne sont pas une récréation exotique et bon enfant. Les enjeux sont graves et sans pitié. Des usines fermeront et des marques disparaîtront parce que cela n'aura été ni compris, ni pris en compte.

La marque sociale est indissociable de sa composante relationnelle qui est partie intégrante de sa valeur, elle doit donc veiller à ce que celle-ci l'accompagne, se diffuse et se partage partout où elle se trouve.

Comment faire ?

À présent, la plupart des marques disposent d'une galaxie de sites plus ou moins actifs, parfois reliquats d'opérations passées, d'autres accueillant d'actives micro-communautés. Mais ce sont souvent sur les réseaux sociaux qu'elles assurent leur rencontre conversationnelle avec le public. En forçant juste un peu le trait, voilà le choix actuel qui leur est donné : l'audience sans contrôle sur les réseaux sociaux, ou le contrôle sans audience sur leurs propres sites.

La prise de conscience de leur réalité de marque sociale ne peut les laisser accepter cette situation : investir dans le trafic et la marque d'autrui, construire une communauté propre à sa marque, mais appartenant à un tiers et dont elle n'a aucun contrôle sur l'usage qui en sera fait : même les adeptes d'une gestion de court terme, séduit par une apparente efficacité immédiate, finissent par se poser des questions.

Si la question peut paraître abstraite au premier abord. On peut l'exprimer par une métaphore : préférez-vous avoir vos propres reins ou être sous dialyse ?

Une seconde question se pose quant à l'authenticité des échanges qui fait la valeur de la conversation. La complexité de notre individualité trouve son expression multiforme dans les différentes personnes et groupes de personnes avec lesquels nous échangeons ; ce qui nous amène à communiquer sur des registres différents en fonction du public et des contextes : la réunion de parents d'élèves, le club de sport, les potes du boulot, la sortie en boîte, etc. ... On peut tout dire, mais pas à tout le monde et pas en même temps. Dès lors que, connecté à un réseau social, on prend conscience de s'adresser en fait à tous, sous son identité réelle, dans un contexte unique, ineffaçable et réinterprétable à volonté, le propos a soudain la fraîcheur et la spontanéité d'une déclaration politique.

L'aseptisation des propos stérilise les conversations qui perdent alors leur principal intérêt pour les internautes comme pour les marques. Et la conversation sincère,  immédiate et sans calcul - la seule qui touche - migre vers d'autres horizons, vers des réseaux différenciés par contexte, besoins ou publics, sous pseudonyme, où l'on s'exprime en liberté.

Ce qui se dessine, et Skyrock.com en est le pionnier, c'est l'intégration partenariale. De quoi s'agit-il ? Une marque intègre un réseau social en y amenant son environnement, ses couleurs ; les ergonomies du réseau social et de la marque se marient dans un projet commun utile aux internautes. La marque est ainsi elle-même au c½ur du réseau social et en devient une destination utile. C'est ce que Skyrock a réalisé avec « Kohop », réseau social d'entraide, en collaboration avec Coca-Cola ; ou bien encore avec « Waka », site d'échange sur les mesures à destination de la nouvelle génération, en collaboration avec le Service d'information du Gouvernement. Ce type d'intégration partenariale va connaître une nouvelle étape avec la mutualisation des listes d'amis communs et la mise en relation approfondie avec les univers sociaux de marque.

L'intégration partenariale s'exprimera aussi par des applications ou des services qui facilitent l'usage du réseau social avec toujours ce double souci de servir l'internaute et d'orienter vers l'expérience de la marque.

La marque sociale exprime son identité sur Internet par un réseau d'interfaces de services, de conversation et d'information en relation avec tous les acteurs sociaux. Elle pilote cet écosystème en favorisant les influences réciproques, les intersections, et contribue à son autonomie et à sa liberté d'expression.

Par ailleurs, elle doit se comporter comme un acteur social avec les réseaux sociaux, comme avec les distributeurs, qui devront accepter dans leurs pages, les liens et modules vers les domaines conversationnels de la marque. Elle ouvrira ses propres espaces de commercialisation au sein des sites distributeurs comme sur ses propres sites. Et chaque fois, elle offrira l'expérience la plus complète en y incluant au mieux son réseau social transactionnel.

À ce jour, les frontières ne sont pas établies, les territoires se chevauchent et sont mouvants. C'est le moment de prendre des positions qui, demain, apparaîtront comme des évidences. La socialisation des marques les amènera chacune à s'organiser en fonction de leur histoire et de leurs ressources. Comment croiser les expertises de marque et de réseau social ? Il n'y a pas de solution unique. Reste que c'est désormais, pour ceux qui ont compris, une course.

L'autre course qui commence en parallèle est celle de l'accès et du traitement des données résultant de cette intense activité sociale.

L'accès est une question clef. Celui qui a la connaissance du client a le pouvoir sur celui qui ne l'a pas. Souvent les marques ont été écartées par les réseaux de distribution de remontées directes d'information. C'est un problème dans le monde réel, c'est un faire-part dans le monde virtuel. La marque sociale a par définition cet accès aux informations  en provenance du client puisqu'elle forme une totalité empathique avec leurs apports et leurs conversations. Les autres renouvellent des dépendances coûteuses et dangereuses.

Le traitement nécessite d'établir une cartographie des liens et une catégorisation des relations et des échanges. Il faut ensuite disposer d'algorithmes informatiques puissants pour extraire de ce flot de bits anonymisés de la connaissance, des tendances et des probabilités futures. De cette masse de data, il ressortira un tableau de bord passé, présent et prédictif qui changera le pilotage de la marque et permettra d'ajuster, au plus juste, et en instantané, la demande aux besoins. C'est une clef de l'optimisation des coûts et de l'amélioration de la rentabilité.

Ajoutons que, par le suivi individuel, la marque va apprendre, comme le font déjà les banques et les opérateurs de téléphonie mobile, à s'adapter en finesse aux attentes de chacun et souvent à les précéder.

Enfin, cette « clientographie » doit s'accompagner d'une batterie d'indicateurs et de mesures afin, d'une part, d'en quantifier le retour sur investissement et, d'autre part, d'intégrer ces informations à la gestion opérationnelle et financière des marques.

La marque sociale est une révolution que certains jugeront futuriste. Pour les consommateurs en revanche, elle est une renaissance de la relation humaine des premiers temps, dont ils avaient toujours conservé la nostalgie.

Dans le monde réel, le mensonge est rentable à court terme et la vérité à long terme ; sur le réseau, la vérité et la qualité sont de suite profitables, car les consommateurs s'en font l'écho. Émerge donc, sous la pression du réseau, une obligation nouvelle de prise en compte, d'attention, de transparence, de fiabilité et de soin, souvent oubliée.

La part invisible de motivation morale et de réputation qui valait jadis autant, sinon plus, que le gain immédiat revient sous une forme renouvelée. L'½il de tous a remplacé l'½il de Dieu et des siens. C'est le retour de la confiance, la seule et vraie définition de la marque.

#Posté le mardi 05 avril 2011 03:57

The Future of Social Networks

Par Pierre Bellanger, président et fondateur de Skyrock

The first online social networking services initially aimed to help people make contact with others who shared a need or situation.
 
In their original form as support groups, those suffering from the same illness could exchange views on the forums which were the forerunners to these services. From 1995 one of the first networks, the American Classmates, enabled users to get in touch with school friends. BlackPlanet, founded in 1999, was aimed at the African-American community. Friendster, launched in 2002, encouraged people to contact friends of friends. In 2003 MySpace seduced the younger generation in America with the freedom provided by its profiles, pseudonyms and musical orientation. Finally, Facebook, founded in 2004, was originally reserved for a few universities and then only the academic world. It therefore formed a network of students under their real identities. In the beginning an en.edu email address was required to sign up.
 
In Asia, Korea's CyWorld was launched in 1999 and brought together the younger generation who participated under the cover of avatars. Japan's Mixi, founded in 2000, required invitations, thus encouraging the creation of a homogeneous network. China's Renren, created in 2005, focused on the student community (with more than 160 million members nonetheless) which participated using pseudonyms.
 
In Europe Skyrock launched its social network of blogs in 2002 and, like the radio station, encourages freedom of expression among the new generation. It is the leading site of its kind in France and Europe. Skyrock uses pseudonyms, as does Hyves in the Netherlands which was founded in 2004. Spain's Tuenti was launched in 2006 and requires invitations.
 
Even before the Internet and the Web, the first virtual communities came together through a network of computers: from 1979 on The Source and subsequently, from 1985, on WELL before widening to include Prodigy, Compuserve and America Online. However, the low level of usage, their low profile, the cost and the difficulty of accessing them meant that these first networks were highly specialised and limited to a minority. Before their time, they were responding to the first promise of online social networks: providing a sense of belonging to a specific group or community.
 
Facebook would make the radical decision to abandon that sense of belonging by successively expanding its membership until it became what it is today: the leading universal social network using real identities with more than half a billion members.
 
The result is incredible: a mutant hybrid somewhere between micro-socialisation and planetary globalisation.


As Facebook was initially designed for the academic world where in the same place (the campus) and between identifiable individuals (the students) work, relationships and pastimes were brought together without a past history, it obliged all users to use a single identity in a mono-contextual and one-dimensional relational network: family, professional relationships, friends from various periods in their lives and leisure activities appeared on the same page without distinction.
 
However, the experimentation and evolving identities of young people did not fit this structure; the complexity of adult relationships and the heterogeneity of their social world (itself multifaceted) were not taken into account.
 
The result was a transformation of the meaning of the word “friend”, compressing subtle relational situations which normally cannot be separated from their individual circumstances and histories into a single, all-purpose term.
 
How did such a restrictive and untenable transposition seduce so many?
 
For one thing, when you first use Facebook it is unbelievable. In just a few moments all your acquaintances appear and you can get in touch with any one of them. As soon as you are accepted as a friend by one or the other, you enter into a relationship in a way you have never imagined. It is a revelation.
 
Moreover, the service the site provides is extraordinary and innovative: the lives of your circle of friends are now perpetually updated and they all see themselves as being at its centre, playing the game, publishing their news and displaying the details of their lives, quickly gratified by the reactions of the others.
 
The traffic on the site and the time users spend there also give the service a quantitative reactivity at any given moment which few, or no, other sites can rival.
 
But the problems start to appear when using the site. The circle of friends constantly expands until it becomes a crowd. Everything is mixed together in a muddle and users cannot remove themselves. The binary simplification of the connection (friend or not) leads users to accept waves of contacts into their digital family. These contacts must be kept happy and cannot be kept waiting indefinitely. The infinite, changing gradient of the fragile fabric of our relationships is therefore put through the Boolean mill until it becomes an obese, distant address book.
 
Subsequent experiences with the service reveal that the initial circle of friends is in fact a public place; users always realise that too late.
 
The more an exchange is real, the more it is restricted. What do I have to say to more than five friends other than that everything is fine? And what about three thousand? What is expressed via the service therefore slides towards the reassuring banality of our conventional selves.
 
The site is aware of this situation and has a range of fifty or so confidentiality parameters users can manage themselves. They are directed to make their decisions from among more than 150 options.
 
It is also possible to set parameters for each publication where recipients can be chosen individually.
 
A lot of time and patience is required to navigate your way through this arsenal which, deliberately or not, is confusing and dissuasive.
 
It should be added that the collateral damage of a wrong step can be dramatic. “Friends” distanced by setting parameters for a piece of information can realise that they have been pushed aside – with understandable consequences.
 
Such complexity means that three quarters of users do not change or no longer change their default parameters which themselves evolve and are automatically modified by the service every six weeks or so.
 
Finally, Facebook owns the personal information it is provided with and remains its guardian for its benefit under the ultimate authority of the jurisdiction of Sacramento in California. This is therefore the greatest export of intimate information of all time, voluntarily carried out by millions of users across the world with staggering naivety.
 
That is why, to return to the very nature of social networks, many users create a second profile on Facebook using a pseudonym in order to stay in touch with one or several better protected groups. But the machines are watching and, more quickly than you would think, the site proposes friends from your real identity. Sometimes it actually deactivates your new imaginary profile because the service does not encourage virtual identities, particularly when they are denounced by other users.
 
The behaviour of those who have had their fingers burnt is changing. They are abandoning intimate thoughts and making Facebook their digital identity which can be viewed by all. They use it as a positive vector for their presence on the network, a useful way of making contacts and being contacted. Used in this way, the service demonstrates its extraordinary effectiveness in relaying information to fragile contacts and strangers who share the same interests.
 
Users therefore take back control and ownership of their private lives on other networks where they use pseudonyms or create restricted groups, reproducing the public sphere / private sphere distinction which is the foundation of individuals in democratic societies.
 
To counter any disaffection, the service uses ingenious algorithms to highlight the presence of those with whom you are in most frequent contact so that the illusion of intimacy is maintained as long as possible.


The hidden transaction which exchanges convenient contact with friends and family for an unprecedented amount of private information is therefore painless to begin with but becomes increasingly dangerous as time goes by.
 
Whether you are in the process of negotiating a loan, taking out an insurance policy, competing for a new job or involved in a legal process, be in no doubt that this personal information, so candidly revealed, will probably be used and interpreted against you by unscrupulous people.
 
 So is Facebook getting it wrong? Is it the Friendster of 2012 and beyond? No, probably not because its approach indicates a strategic vision founded not only on growth but also, and above all, on metamorphosis.
 
In biology metamorphosis is a profound change of form or organisation in a living being during its development. The nature of Internet businesses, founded on the plasticity of programming code and unrestricted access to the network, easily provides them with this possibility to transform themselves.
 
Facebook in its current form of a hybrid closed/open social network is only a stage, just as the initial student social network was only a phase. To understand this metamorphosis, to understand social networks, one must look to the future.
 
What are the next stages?
 
Social networks, be they sector-based, generational or universal, are converging towards four functions.
 
The first function: the socialisation of searches
 
A search engine indexes the words of all the web pages it can access and lists the pages where these words appear when a user searches for a particular word. Google's incredible success lay in its ability to discover, and translate into programming language, the relationship between relevance and popularity. The greater the number of links directing the user to the page where the words searched for appear, the more chance there is that the page contains the anticipated response.
 
By combining this engine with a system of auctioning off key words for the insertion of advertising links, Google has combined extraordinary search effectiveness and advertising return.
 
Google's effectiveness rests on its indexing ability and the relevance of its results. If a social network like Facebook decides to restrict access to the indexing of its pages while generating a considerable volume of pages and links, it deprives the engine of a significant part of the basis for its work.
 
Further, if it proves to be the case that the algorithms for listing search results from social networks are more appropriate than popularity via backlinks, a potential alternative to the dominant search engine model emerges.
 
The social search engine individualises the results of your searches and, for example, lists responses according to the requests and responses chosen by your “friends”. It indexes its pages and those of the Internet while its competitor only indexes the common Internet. If the results of the social search engine are more judicious, it represents real competition in terms of storage and method.
 
The Microsoft Bing search engine has now joined up with Facebook to socialise its results. It is probable that in the future it will be difficult to do without this social dimension if the best response for each individual is to be provided, rather than for all users generally as is the case with the traditional search engine.


The second function: transactions
 
A social networking service is a virtual State under the authority and control of its owner who lays down the laws of use, translated into programming code; this guarantees application. The service naturally ends up performing sovereign security and police functions, including the virtual death penalty: banishment from the social network.
 
Against this State-like background, the service will create its own currency, initially developed generally through games and then extended to partnerships with advertisers. The virtual currency is destined to eventually be converted into real money, making the games an attractive prospect. In the end, the currency can be used for transactions between users and to complement real transactions.
 
De facto, the service builds up economic power through the collective purchasing power of its members whose access to the service it controls.
 
States mean taxes. In this case, they take the form of a levy on all transactions related to the service: between traders and members, and between members themselves. The social networking service therefore merges the revenue-generating functions of bank cards, bulk-buying and the State.
 
Further, each transaction tells the service more about the user's behaviour which makes its access more attractive for adverts and other offers.
 
If an Internet shopper spends an average of 1,500¤ a year and the site takes 0.5% from each transaction that amounts to 7.5¤ per user. Multiply that by the number of users making purchases...on App Store, the online shop for applications for Apple mobile phones and computers, sales commission on each application is 30%.
 
The aim of the social network is to bring together as many people as possible using their real identities, to obtain their bank details (prior to creating its own bank directly or under a licence) and to welcome as many virtual shops and services into the network.
 
The third function: telecommunications
 
A member of a social network brings in 3¤ a year in revenue from advertising. For Facebook, its 600 million members represent nearly 2 billion euros in annual turnover. A mobile member brings in an average of 30¤ a month, approximately 300¤ a year – one hundred times more. In both cases, the margins are in double figures.
 
The aim of social networks is to take as much of this margin as possible by placing themselves at the top of the telecommunications value chain. Where is value to be found? In the control of customer relations. Once a client has been acquired, the game is to move service providers and upstream providers from control to interchangeable commodities with pressurised margins.
 
The two crucial means of control are telephone numbers and invoicing.
 
The telephone number can be replaced by the profile name of a social networking service. To begin with the profile is connected to a mobile number which becomes underlying and no longer appears directly in the address book. Subsequently, the number can disappear completely. It is enough to click on the photograph of the person to be contacted via the interface of the social networking application installed on a mobile terminal to be put in touch with that person without ever entering the telephone number or even knowing it.
 
The social networking service, backed by its collective purchasing power, then negotiates with operators for use of the network, accumulating mobile virtual network operation (MVNO) functions on the traditional network and bandwidth purchaser functions on Internet networks (IP networks). As a usage heavyweight, it purchases in bulk to then sell on the telecommunications service at a very advantageous price for its users, all the while retaining the lion's share of the margin.
 
The social network therefore holds the digital identity and invoicing. The member of the social network has become a mobile client. As for current clients, they obviously benefit from access to the global network.
 
The telecommunications operator therefore becomes a social networking provider, in competition with all the other operators. The user is a client of the social network. He does not know through which networks and which operators his contributions pass. He no longer has a direct relationship with the network's traditional operator.
 
The telephone interface of the user becomes the interface of his social network and the latter is turned into a telecommunications social network.
 
This is not a national approach. The aim is to become an international address book and operate a massive transfer of margins from the telecoms industry to the social network.
And the heart of the battle lies in mobile terminals. There are 7 billion inhabitants, 1 billion phone lines, 1.2 billion PCs, 2 billion Internet users and 5 billion mobile telephone subscribers.
 
With their presence established through their applications on all intelligent mobile terminals, social networks are taking up their position. It is probable too that terminals with functions dedicated to the use of the main social networks will find a place in the market.
 
There is no mobile 'phone book or email directory. The best way to contact someone for whom you have neither a telephone number nor an email address is a global social network – and all the more so when it has integrated the functions of telecommunications.
 
Further, although the traditional telephone system allows people to communicate with anyone with a number known to them, it does not allow them to get in touch with and bring together en masse established contacts and strangers through the creation of a network of immediate ad hoc exchanges which are instantaneous and updated in real time. This function of virtual mobilisation has undoubtedly demonstrated its effectiveness as an accelerator to the Arab Spring.
 
Better than the telephone, social networks play an irreplaceable role in repairing the broken fabric of human relationships, something we are currently witnessing in Japan after the catastrophic earthquake.
 
Thus the social network becomes the best means of access which, depending on users' preferences, allows them to leave one or several individuals who might be known to them or not a text, sound or video message, to have immediate or delayed access, etc.
 
As well as its agreements as a virtual operator, the service will also be able to obtain from operators a commission on all the communications which pass through its mobile application. And the one which refuses will risk depriving its clients of full use of the social network as a communication interface. Good luck.
 
What response from the telecommunications industry?
 
Network managers do not necessarily understand the culture of the Internet and think they would be better off concentrating on their basic task by increasing their market share through the merging and acquisition of peers so as to use their size to resist pressure on their margins. The trend is also to differentiate between technical services to increase value, resulting in their differences as to the neutrality of networks. As forecasters, they also think that, in the future, most revenue will come from traffic between machines (which are destined to become preponderant on the mobile Internet), removing from interpersonal traffic its current strategic character.
 
However, some rare operators do think that interpersonal telecommunications are vital and that being relegated to the service provider role would call into question the very foundations of the industry, even before the increased power of inter-machine traffic. They must therefore invest in social networks.
As attempts at homemade social networks have generally not been convincing, the preference is for acquisitions. That is what SK Telecom did in Korea when it took over CyWorld a few years ago. Similarly, Spain's Telefonica recently purchased Tuenti.
 
What is certain is that a social networking service is in itself a telecommunications interface. We are witnessing today emancipation from mobile telephone numbers. Thanks to FaceTime from Apple, two users of the iPod Touch or the iPad 2 can talk via a video link without having to exchange 'phone numbers at all - not to mention the global success of Skype...
 
Prolonging that competition, one of the fields of telecommunications' battle with social networks is certification of identity.
 
On a social network with real identities there is nothing to prove that I am contacting the person actually presented in his or her profile. Frequently on Facebook, imposters take on the identity of third parties to talk to their friends and siphon off all kinds of useful information for discovering trade secrets, divorce proceedings, a police investigation or just out of unhealthy curiosity. Such usurpation can be extended to all kinds of swindles whereby an individual obtains information about another without their knowledge.
 
The weakness of identity-based social networks is the falsification of identities.
 
The State is the ultimate authority on identity, a function which social networks lack. As a temporary stopgap there are credit card numbers and telephone numbers. The convergence of territory and interests between three players (banks, telecoms and social networks) can clearly be seen here.
 
Telecom and banking mutations do not concern Facebook alone, although it is potentially the major player. Differentiated networks are also stakeholders in this evolution because they will better serve their specific audiences through the integration of banks, mobile telephones and the social network into an appropriate offer.
 
The fourth function: simulating reality
 
This function appears to be the most esoteric but it could lead to the greatest revenue: simulating reality. The principle of simulation is the creation of a virtual and dynamic computer model which tries to reproduce and then anticipate reality. Simulation is constantly readjusted compared to actual data and thus it increases its predictive capability. The idea is to use all the data of a social network to anticipate what will occur at D+1, exactly like weather simulations but this time for human society.
 
The Google search engine was able to follow the progress of the flu epidemic according to the search terms entered by users in all geographical areas.
 
An international group of scientists is currently working on the Living Earth Simulator which aims to integrate real data from all possible sources in order to follow human activity.
 
For a social network it means correlating the immense quantity of data it has with the stock markets. Derwent Capital Markets now decides whether to invest according to the messages published on the micro-blogging service Twitter. At the heart of this approach is the work of scientists at the universities of Manchester and Indiana who have managed to predict the highs and lows of the Dow Jones Industrial Average with a success rate of 87.6% thanks to tweets...
 
This predictive faculty is to be combined with the role now played by machines in stock market transactions. According to experts, they manage more than 70% of the total volume.
 
Such ultra-rapid management by algorithm needs to be fed with data in real time. To this end, Dow Jones has just launched a stock market information service, Lexicon, used by machines.
 
Establishment of a pattern in this way through massive injection of data corresponds to the current operating method of machines which is not the same as humans. Instead of establishing reasoning, the machine uses probability-based algorithms which are applied to enormous amounts of data. Clearly, that means that the machine is not looking for logic but emulation: by examining the data, the machine establishes relationships of probability between them. The machine discovers, for example, that if Event A occurs then Event B is three times as likely to occur as Event C. The machine has no understanding of the causality of facts but deduces from this correlation their respective chances of occurring in the future.
 
These empirical algorithms are then combined with others through a process of genetic assembly and competitive virtual selection to produce the best performing algorithms.
 
One can therefore understand the immense interest in the amount of data collected by social networks at any given time as soon as they are introduced into transactional machines functioning on these probability-based and evolving algorithms.
 
The combination of social networks and financial markets is a revolution. It can be applied to the entire economy. Anticipation is key for businesses in terms of allocation of resources, product distribution and strategic direction. The productivity gains to be achieved by these simulation tools are considerable.
 
Access to this information is becoming a strategic issue, an indispensable lever for competitiveness and, for States, a question of digital sovereignty. Might it be possible for the behaviour simulation data of an entire country to be monopolised in the machines of a competing nation? Is it believable that their public and private economic intelligence players will not obtain access to their own advantage? The impact is immeasurable.
 
Online social network services are new businesses; most are less than ten years old. They are the services of the future and few can imagine their potential. This is what explains their key role, not only in the future but already today.

#Posté le mercredi 30 mars 2011 08:57

Le marché conscient par Pierre Bellanger

Le marché conscient
Par Pierre Bellanger, président et fondateur de Skyrock
 
Lorsque les économistes du futur étudieront les marchés actuels, ils parleront de marchés ignorants. Un marché ignorant est caractérisé par l'absence d'informations. Les transactions s'opèrent dans un environnement pauvre en données. La formation des décisions, souvent irrationnelle, ressort, pour se justifier, de l'interprétation magique de données partielles, partiales ou périmées. Les acheteurs, comme les vendeurs, évoluent dans la brume. Ce que le stratège militaire Carl von Clausewitz appelait le  brouillard de bataille.
À l'inverse, les marchés actuels, grâce aux réseaux informatiques, voient la quantité d'informations sur les parties prenantes, les produits et les transactions exploser. Une information immédiate, personnalisée, localisée, contextualisée, corrélée qui transforme le marché. D'opaque, le marché devient potentiellement transparent.
À l'avenir, par la connaissance de sa propre réalité immédiate, en fonction des informations recueillies à chaque instant grâce à des myriades de processus informatiques autonomes et interdépendants, le marché se déterminera et évoluera par lui-même : ce sera un marché conscient.
Le mouvement vers le marché conscient est engagé. C'est l'objet de ce travail d'en dessiner quelques contours et de montrer comment l'anticiper dès à présent.
La révolution du marché conscient remet en question des organisations, des chaînes de valeur, des acteurs et des modes de pensée que nous considérions comme immuables et constitutifs du marché lui-même. Quels en seront demain les vainqueurs et les perdants ? Quelle est la nouvelle place de chacun ? Où se concentre la valeur ? Puisqu'il est naissant comment influer sur son essor afin qu'il réponde de l'intérêt général ?

Le marché conscient par Pierre Bellanger
 
 

#Posté le mercredi 02 janvier 2013 04:32

Modifié le mercredi 27 novembre 2013 13:00

Le devenir des réseaux sociaux

Par Pierre Bellanger, président et fondateur de Skyrock

Les premiers services de réseaux sociaux sur Internet ont eu pour promesse initiale d'aider à la mise en relation entre elles de personnes appartenant à des populations définies par un besoin ou une situation.

Sous la forme originelle de groupes de soutien, les malades souffrant d'une même pathologie se retrouvent sur des forums précurseurs de ces services. Aux États-Unis, dès 1995, un des premiers réseaux, « Classmates », permet de se lier, à nouveau, avec ses camarades de scolarité. « BlackPlanet », ensuite, fondé en 1999, s'adresse à la communauté afro-américaine. « Friendster », lancé en 2002, a pour vocation de favoriser la mise en relation avec les amis de ses amis. « MySpace », en ligne en 2003, séduit la nouvelle génération américaine par la liberté de ses profils sous pseudonyme et son orientation musicale. « Facebook », enfin, fondé en 2004, est, à son origine, réservé à quelques universités, puis au seul monde scolaire et réticule, de ce fait, les étudiants sous leur véritable identité. Une adresse email en .edu était nécessaire au début pour y adhérer.

En Asie, le coréen « CyWorld » débute en 1999 et fédère la jeune génération qui s'y retrouve sous le couvert d'avatars. Au Japon, « Mixi », fondé en 2000, recrute sur invitation, favorisant la constitution d'un réseau homogène. Le chinois « Renren », créé en 2005, se focalise sur la communauté estudiantine - avec quand même plus 160 millions de membres - qui échangent sous pseudo.

En Europe, « Skyrock » lance son réseau social de blogs en 2002 et rassemble, comme la radio, la libre expression de la nouvelle génération et en est le leader français et européen. «Skyrock » est sous pseudo comme « Hyves » aux Pays-Bas, fondé en 2004, tandis que «Tuenti » en Espagne, lancé en 2006, est sur invitation.

Avant même Internet et le Web, les premières communautés virtuelles se réunissent par la mise en réseau d'ordinateurs : dès 1979, sur « the Source » et ensuite sur « the WELL » à partir de 1985, avant de s'étendre sur « Prodigy »,  « Compuserve », et « America Online ». La rareté de l'usage, la faible notoriété, le coût et la difficulté d'y accéder rendaient ces premiers réseaux endogamiques, ultra-minoritaires et spécialisés. Ils répondaient avant l'heure à la première promesse du réseau social sur Internet : l'entre soi.

« Facebook » va faire le choix radical de quitter cet entre-soi par des élargissements successifs imposés à ses membres jusqu'à devenir ce qu'il est aujourd'hui : le premier réseau social universel sous identité réelle avec plus d'un demi-milliard de membres.

Le résultat est fantastique : c'est un hybride mutant entre la micro-socialisation et la globalisation planétaire.

Comme « Facebook » est conçu initialement pour un monde universitaire où, en un même lieu - le campus -, et entre égaux identifiés, - les étudiants -  le travail, les relations et les loisirs sont unifiés et sans passé, il oblige tous ses utilisateurs à l'unité d'identité dans un réseau relationnel monocontextuel et unidimensionnel : la famille, les relations de travail, les amis issus de divers moments de la vie ou activités se retrouvent ensemble sur une même page sans distinction.

L'expérimentation et les évolutions d'identité de l'adolescent n'y ont pas leur place. La complexité des relations et l'hétérogénéité des contextes de socialisation d'un adulte - lui-même à facettes - n'y sont pas prises en compte.

D'où la dénaturation sur le service du sens du mot « ami » qui comprime en un seul mot sans nuance des réalités relationnelles pourtant subtiles et indissociables de leurs circonstances comme de leurs histoires.

Comment alors une transposition réductrice de la vie aussi intenable a-t-elle pu séduire le plus grand nombre ?

Tout d'abord, le premier usage de « Facebook » est incroyable. En quelques instants, toutes vos connaissances d'une vie apparaissent et il vous est proposé de vous y relier. Dès lors que vous êtes accepté comme ami par l'un puis l'autre, vous entrez dans la vie de ces relations comme jamais vous ne l'auriez imaginé. C'est une révélation.

Le service est de surcroît extraordinaire et innovant : l'actualité de votre cercle d'amis est désormais en mise à jour perpétuelle et chacun s'en perçoit comme le centre, se prend au jeu et au plaisir valorisant de se publier et de se mettre en scène pour en être bien vite gratifié par les réactions d'autrui.

Le trafic sur le site et le temps passé par les utilisateurs confèrent par ailleurs au service une réactivité quantitative à chaque instant avec laquelle peu de sites, voire aucun, ne rivalisent.

C'est à l'usage que les difficultés apparaissent. Le cercle d'amis, à force d'extension, devient une foule où tout se mêle en désordre et dont on ne peut se défaire. La simplification binaire du lien - ami ou non - conduit à accepter dans son intimité numérique de vagues accointances que l'on ne peut se mettre à dos en les maintenant indéfiniment en attente. Le gradient infini et changeant de notre délicat tissu relationnel est passé ainsi à la moulinette booléenne pour devenir un carnet d'adresses obèse et lointain.

Par expériences successives, il apparaît que le cercle d'amis initial est, en fait, une place publique ; et chacun de s'en rendre compte toujours trop tard.

Plus l'échange est vrai, plus il est restreint. Qu'est-ce que j'ai à dire à plus de 5 amis à part que tout va bien ? Et à 3 000 ? Ainsi l'expression sur le service dérive vers la banalité rassurante de nos personnages conventionnels.

Conscient de cette situation, le service s'est doté d'une panoplie d'une cinquantaine de paramètres de confidentialité à gérer directement par l'utilisateur qui est amené à faire ses arbitrages parmi plus de 150 options.

Lui est donné également  la possibilité de paramétrer à l'unité chaque publication dont il est possible de choisir les destinataires.

Il faut énormément de temps et beaucoup de patience pour se retrouver dans cet arsenal, délibérément ou non, confus et dissuasif.
 
Ajoutons que les dégâts collatéraux d'une mauvaise manipulation peuvent être dramatiques et que les « amis » écartés par le paramétrage de telle ou telle information finissent par s'en rendre compte avec les conséquences qu'on imagine.

Cette complexité fait que trois quarts des utilisateurs ne changent pas, ou plus, leurs paramètres par défaut, qui eux-mêmes évoluent et sont modifiés automatiquement par le service environ toutes les 6 semaines.

Enfin, « Facebook » se rend propriétaire des informations personnelles qui lui sont transmises et en demeure le dépositaire à son bénéfice sous l'autorité finale du tribunal de Sacramento, capitale de la Californie. C'est la plus grande exportation d'intimités de tous les temps qui est ainsi volontairement faite par des millions d'utilisateurs du monde entier avec une confondante naïveté. Certains de ceux qui en prennent conscience tentent de se désinscrire du service, ce qui n'est pas aisé ; la plupart restent mais changent leur usage.

C'est pourquoi, revenant à la nature même des réseaux sociaux, de nombreux internautes créent sur « Facebook » un second profil, sous pseudo, pour retrouver un ou plusieurs entre-soi mieux protégés. Mais la machine veille et vous propose, plus rapidement que vous n'y auriez songé, les amis de votre identité réelle. Et parfois, désactive directement votre nouveau profil imaginaire. Car le service combat les identités virtuelles, notamment lorsqu'elles sont dénoncées par d'autres utilisateurs.

Le comportement des utilisateurs échaudés évolue. Ils abandonnent l'expression intime  et  font de « Facebook », leur identité numérique visible par tous et l'utilisent comme un vecteur positif de leur présence sur le réseau, un moyen utile de joindre et d'être joint. Le service, ainsi utilisé,  démontre alors son extraordinaire efficacité de relais d'information vers les liens faibles et les inconnus partageant les mêmes intérêts. 

Et les utilisateurs retrouvent ainsi, sur d'autres réseaux, la maîtrise et la propriété de leur vie privée où ils publient sous pseudo ou en cercle clos et ne font que reproduire la distinction sphère publique/sphère privée, fondatrice de l'individu dans les sociétés démocratiques.

Pour contrer toute désaffection, le service, par d'ingénieux algorithmes, met en avant la présence de ceux avec qui vous échangez le plus fréquemment, de telle manière à ce que l'illusion de l'intimité soit maintenue le plus longtemps possible.

La transaction cachée qui échange la facilitation de la relation avec ses amis et sa famille contre une quantité sans précédent d'informations privées est d'abord indolore, mais de plus en plus dangereuse au fil du temps.

Que vous soyez en train de négocier un prêt, de contracter une assurance, d'être en compétition pour un poste, d'être impliqué dans n'importe quelle procédure judiciaire, ne doutez pas que ces informations personnelles, si candidement transmises, seront probablement utilisées et interprétées contre vous par des personnes malintentionnées.

 « Facebook » est-il donc en train de se tromper ? Est-il le « Friendster » des années 2012 et suivantes ? Non, probablement pas, car sa démarche indique une vision stratégique fondée non seulement sur la croissance, mais aussi et surtout sur la métamorphose.

En biologie, la métamorphose est un changement profond de forme, d'organisation d'un être vivant au cours de son développement. La nature des entreprises Internet, fondée sur la plasticité du code informatique et l'accès sans contrainte au réseau, leur donne aisément cette possibilité de transformation.

Ainsi, « Facebook », dans sa forme actuelle de réseau social hybride fermé/ouvert n'est qu'une étape. Comme le réseau social estudiantin initial n'était qu'une phase du service. Pour comprendre cette métamorphose, pour comprendre les réseaux sociaux, il faut se projeter dans leur devenir.

Quelles sont maintenant les prochaines étapes ?

Les réseaux sociaux qu'ils soient sectoriels, générationnels ou universels convergent vers quatre fonctions.

La première fonction : la socialisation de la recherche

Un moteur de recherche indexe les mots de toutes les pages web qui lui sont accessibles et classe les pages où apparaissent ces mots lorsqu'un utilisateur en fait la requête. Le fabuleux succès de Google a pour origine d'avoir découvert et traduit en langage informatique la relation entre pertinence et popularité. Plus le nombre de liens pointant vers la page où se trouve les mots recherchés est important, plus y a de chances que la page contienne la réponse attendue.

En associant à ce moteur, un système de mise aux enchères de mots clef pour l'insertion de liens publicitaires, Google a mis en parallèle une extraordinaire efficacité de recherche et de rendement publicitaire.

L'efficience de Google repose sur sa capacité d'indexation et sur la pertinence de ses résultats. Si un réseau social comme « Facebook » décide de restreindre l'accès à l'indexation de ses pages tout en générant un volume de pages et de liens considérables, il prive le moteur d'une partie significative de sa base de travail.

Si, par ailleurs, il ressort que les algorithmes de classement des résultats de recherche issus des réseaux sociaux sont plus appropriés que la popularité par les liens entrants, émerge alors une alternative potentielle à l'omnipotence du moteur de recherche dominant.

Le moteur de recherche social individualise les résultats de vos requêtes et, par exemple, classe les réponses en fonction des requêtes et des réponses sélectionnées par vos « amis ». Il indexe ses pages et celles de l'Internet alors que le concurrent n'indexe « que » l'Internet commun. Pour peu, que les résultats du moteur social soient plus judicieux, c'est une véritable concurrence en terme de stock et de méthode.

D'ores et déjà, le moteur de recherche de Microsoft, « Bing » s'est allié à « Facebook » pour socialiser ses résultats. Il est probable qu'il soit difficile à l'avenir de se passer de cette dimension sociale pour fournir les meilleures réponses à chacun et non plus à tous comme dans le moteur traditionnel.

La seconde fonction : les transactions.

Un service de réseau social est un État virtuel sous l'autorité et le contrôle de son propriétaire qui en édicte les lois d'usage, traduites en code informatique ; ce qui en garantit l'application. Le service en vient naturellement à assurer des fonctions régaliennes de sécurité et de police allant jusqu'à la peine de mort virtuelle : le bannissement du réseau social.

Dans ce contexte étatique, le service est amené à créer sa propre monnaie développée d'abord généralement sur les jeux, pour s'étendre ensuite à des partenariats avec des annonceurs. La monnaie virtuelle est destinée à devenir convertible en devise réelle, dotant les jeux de gains attrayants. La monnaie peut être employée, enfin, pour les transactions entre les utilisateurs et en complément des transactions réelles.

De fait, le service se constitue en puissance économique par le pouvoir d'achat collectif de ses membres dont il contrôle l'accès sur le service.

Qui dit État dit impôt. Celui-ci prend ici la forme d'un prélèvement sur toutes les transactions intervenant sur le service : entre les commerçants et les membres et entre les membres eux-mêmes. Le service de réseau social fusionne ainsi des fonctions rémunératrices de la carte bancaire, du groupement d'achat et de l'État.

De plus, chaque transaction renseigne le service sur les comportements de l'utilisateur ce qui rend son accès plus attractif pour les publicités et autres offres.

Si un acheteur sur Internet dépense en moyenne 1 500 ¤ par an et si le site prélève 0.5 % sur chaque transaction, cela fait un revenu de 7.5 ¤ par utilisateur.  À multiplier par le nombre d'utilisateurs acheteurs ... À noter : sur l' « App Store », la boutique en ligne d'applications pour mobiles et ordinateurs d'Apple,  la commission sur la vente de chaque application est de 30%.     

L'objectif du réseau social est de réunir le plus grand nombre de personnes sous identité réelle, d'obtenir également leurs données bancaires  - en attendant de constituer sa propre banque directement ou sous licence -  et d'accueillir le maximum de boutiques et services virtuels au sein du réseau.

La troisième fonction : les télécommunications.

Un membre de réseau social rapporte 3 ¤ par an en revenu issu de la publicité. Pour                « Facebook », avec 600 millions de membres cela donne près de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel. Un abonné mobile, quant à lui, rapporte en moyenne 30 ¤ par mois, soit environ 300 ¤ par an : 100 fois plus. Dans les deux cas, les marges sont à deux chiffres.

L'objectif du réseau social est de capter le maximum de cette marge en devenant le sommet de la chaîne de valeur des télécommunications. Où se situe la valeur ? C'est  la maîtrise de la relation au client. Le client acquis, le jeu consiste à transformer les prestataires et fournisseurs en aval de ce contrôle en commodités interchangeables à marges pressurisées.

Les deux moyens essentiels de ce contrôle sont le numéro de téléphone et la facturation.

Pour le numéro de téléphone, il peut être remplacé par le nom du profil d'un service de réseau social. Au départ, le profil est relié à un numéro mobile qui devient sous-jacent et n'apparaît plus directement dans le carnet d'adresses. Par la suite, le numéro peut disparaître complètement. Il suffit d'effleurer la photo de la personne à joindre sur l'interface de l'application du réseau social installée sur son terminal mobile pour être mis en relation sans jamais avoir eu à composer son numéro de téléphone, ni même à le connaître.

Ensuite, le service de réseau social, fort de son pouvoir d'achat collectif, négocie avec les opérateurs l'usage du réseau, cumulant les fonctions de « mobile virtual network operator » - « MVNO » - sur les réseaux traditionnels et d'acheteur de bande passante sur les réseaux Internet (réseaux « IP »). Poids-lourd de l'usage, il achète en gros pour revendre ensuite la prestation de télécommunication à un prix très avantageux à ses utilisateurs tout en conservant la principale part de la marge.

Le réseau social détient alors l'identité numérique et la facturation. Le membre du réseau social est devenu client mobile. Comme pour le client actuel, il bénéficie bien entendu de l'accès au réseau global.

L'opérateur de télécommunications devient alors un fournisseur du réseau social, mis en compétition avec tous les autres opérateurs. L'utilisateur est client du réseau social. Il ne sait pas par quels réseaux et quels opérateurs transite son échange. Il n'a plus de relation directe avec l'opérateur historique du réseau.

L'interface de téléphonie de l'utilisateur devient l'interface de son réseau social et ce dernier se transforme en réseau social de télécommunications.

L'enjeu n'est pas national. Le but est ici de devenir le carnet d'adresses mondial et d'opérer un transfert de marge massif de l'industrie des télécoms vers le réseau social.
Et le c½ur de la bataille se situe sur les terminaux mobiles. Il y a 7 milliards d'habitants, 1 milliard de lignes de téléphone, 1.2 milliards de PC, 2 milliards d'internautes et 5 milliards d'abonnés mobile.

Présents par leurs applications dans tous les terminaux mobiles intelligents les réseaux sociaux prennent position. Il est probable aussi que des terminaux avec des fonctions dédiées à l'usage des principaux réseaux sociaux trouveront leur place sur le marché.

Il n'y a pas d'annuaire des téléphones mobiles, ni des emails. Le meilleur moyen de contacter quelqu'un dont on n'a ni le numéro, ni le mail est le réseau social mondial. Il le sera d'autant plus lorsqu'il aura intégré les fonctions de télécommunications.

Par ailleurs, le système téléphonique traditionnel permet, certes, de communiquer avec quiconque doté d'un numéro dont on a connaissance, mais ne permet pas de joindre et de rassembler en masse des relations établies et des inconnus par la création d'un réseau d'échange ad hoc immédiat, instantané et mis à jour en temps réel. Cette fonction de mobilisation virtuelle a démontré sa redoutable efficacité comme accélérateur du Printemps arabe.

Mieux que le téléphone, le réseau social joue un rôle irremplaçable de remailleur de tissu déchiré des relations humaines, comme on le voit actuellement au Japon après la catastrophe du tremblement de terre.

Ainsi le réseau social devient le meilleur moyen d'accès qui, en fonction des préférences des utilisateurs, permet de laisser à un interlocuteur ou plusieurs, connu ou non, un message textuel, sonore, vidéo, d'avoir un accès immédiat ou différé, etc. ...

Outre ses accords d'opérateur virtuel, le service pourra également obtenir des opérateurs une commission sur toutes les communications transitant par son application mobile. Et celui qui refusera risquera de priver ses clients de l'usage complet du réseau social comme interface de communication. Bonne chance.

Quelle riposte pour l'industrie des télécommunications ?

Les gestionnaires de réseau n'ont pas forcément la culture de l'Internet et considèrent qu'il leur est préférable de se concentrer sur leur métier de base en augmentant leur part de marché par fusion et acquisition de pairs afin de résister par leur taille à la pression sur les marges. La tendance est aussi de différencier les prestations techniques pour en accroître la valeur ; d'où leurs divergences sur la neutralité des réseaux. De façon plus prospective, ils pensent aussi que, demain, l'essentiel des revenus proviendra du trafic entre machines - qui se destine à devenir prépondérant sur l'Internet mobile -, ôtant au trafic interpersonnel son caractère stratégique actuel.

Certains opérateurs, plus rares, pensent cependant que l'enjeu des télécommunications interpersonnelles est vital et que la relégation en couche prestataire remettrait en cause l'industrie dans ses fondements avant même la montée en puissance du trafic inter-machines. Il leur faut donc investir les réseaux sociaux.
Les tentatives de réseaux sociaux « maison » n'étant généralement pas probantes, les acquisitions ont été privilégiées. C'est ce qu'a fait SK Telecom en Corée qui a repris, voici déjà quelques années, « CyWorld » et Telefónica en Espagne qui a récemment acheté             « Tuenti ».

Ce qui est certain, c'est qu'un service de réseau social est en soi une interface de télécommunications. Ce qui émerge aujourd'hui, également, c'est l'émancipation à l'égard du numéro de téléphone mobile. Grâce à « FaceTime » d'Apple, deux utilisateurs d' « iPod Touch » ou d'« iPad 2 », peuvent converser en vidéo sans avoir eu à échanger leurs numéros de téléphone. Et c'est sans parler du succès mondial de « Skype » ...
 
Prolongeant cette compétition, un des territoires de l'affrontement des télécommunications avec les réseaux sociaux est la certification de l'identité.

Sur un réseau social à identité réelle, rien ne me prouve que je sois en contact avec la vraie personne représentée sur le profil. Il est fréquent que sur « Facebook » des imposteurs prennent l'identité de tiers pour dialoguer avec leurs amis et siphonner toute sorte d'informations utiles pour une enquête de renseignement industriel, de divorce, de police, ou de curiosité malsaine. Cette usurpation s'étend à toutes les escroqueries que permet la connaissance d'autrui à son insu.

La faille des réseaux sociaux sous identité réelle et la falsifiabilité de l'identité.

L'État est le détenteur final de l'identité, une fonction qui manque aux réseaux sociaux. Les palliatifs sont le numéro de carte de crédit ou le numéro de téléphone. On voit bien ici la convergence de territoire et d'intérêts de ces trois acteurs : banques, télécoms et réseaux sociaux.

Les mutations télécom et bancaire ne concernent pas que « Facebook », même s'il en est potentiellement l'acteur majeur. Les réseaux différenciés sont aussi partie prenante de cette évolution, car, ainsi, ils serviront mieux leurs publics spécifiques par l'intégration de la banque, du téléphone mobile et du réseau social en une offre adaptée.

La quatrième fonction : la simulation du réel.

Cette fonction est d'apparence la plus ésotérique, mais peut-être la plus rémunératrice : le simulateur du réel. Le principe du simulateur est la constitution d'un modèle informatique virtuel et dynamique qui tente de reproduire puis d'anticiper la réalité. La simulation se réajuste constamment par rapport aux données réelles et accroît ainsi sa capacité prédictive. L'idée est d'utiliser toutes les données du réseau social pour anticiper ce qui va se produire à t + 1, exactement comme avec les simulations météo, mais ici avec la société humaine.

Le moteur de recherche Google a pu ainsi suivre la progression de la grippe en fonction des termes de recherche employés par les utilisateurs sur tous les territoires.

Un groupe international de scientifiques travaille actuellement sur le « Living Earth       Simulator » destiné à intégrer toutes les données du réel provenant de toutes les sources possibles afin de modéliser l'activité humaine.

Pour un réseau social, cela signifie corréler l'immense quantité de données dont il dispose avec les marchés boursiers. D'ores et déjà, Derwent Capital Markets propose d'investir en fonction des messages publiés sur le service de micro-blogging « Twitter ». À l'origine de cette démarche, on trouve les travaux de scientifiques des universités de Manchester et d'Indiana qui ont réussi à prédire les hausses et baisses de l'indice Dow Jones Industrial Average avec un taux de succès de 87.6 %,  grâce aux tweets ...

Cette faculté prédictive est à mettre en relation avec le rôle joué désormais par les machines dans les transactions boursières qui en gère, selon les experts, plus de 70 % du volume.

Cette gestion ultra-rapide par algorithme a besoin de se nourrir de données en temps réel. Dow Jones vient, à cette fin, de lancer un service d'informations boursières : « Lexicon », utilisable par les machines.

Cette modélisation par injection massive de data correspond à la manière actuelle de fonctionner des machines qui n'est pas celle des humains. Au lieu d'établir des raisonnements, la machine utilise des algorithmes probabilistes qui sont appliqués à d'énormes quantités de données. En clair, cela veut dire que la machine ne cherche pas la logique, mais l'émulation : en examinant des données, la machine établit des relations de probabilité entre elles. La machine découvre par exemple que si l'évènement «A» a lieu, l'évènement « B » à trois fois plus de chance d'avoir lieu que l'évènement « C ». La machine n'a aucune compréhension de la causalité des faits, mais déduit de cette corrélation leurs chances respectives de se produire à l'avenir.

Ces algorithmes empiriques sont ensuite combinés à d'autres par un processus d'assemblage génétique et de sélection virtuelles par compétition afin de produire les algorithmes les plus performants.

On comprend alors, l'immense intérêt de la somme de données collectées à chaque instant sur les réseaux sociaux dès lors qu'elles sont introduites dans des machines transactionnelles fonctionnant sur ces algorithmes probabilistes et évolutifs.

Cette combinaison réseaux sociaux-marchés financiers est une révolution. Elle est  applicable à l'économie tout entière. L'anticipation est une clef des entreprises dans leurs allocations de ressources, la distribution de leurs produits, leurs orientations stratégiques. Les gains de productivité permis par ces outils de simulation sont considérables.

L'accès à ces informations devient un enjeu stratégique, un levier indispensable de compétitivité et, pour les États, une question de souveraineté numérique. Peut-on imaginer que les données de simulation de comportement d'un pays entier soient monopolisées dans les machines d'une nation concurrente ? Croit-on que leurs acteurs d'intelligence économique publics et privés n'y auront pas accès à leur avantage ? Nous n'en mesurons pas l'impact.
Les services de réseaux sociaux sur Internet sont des entreprises récentes, la plupart ont moins de dix ans ; ce sont des services en devenir dont chacun peut imaginer le potentiel. Voilà ce qui explique leur rôle clef demain, comme déjà aujourd'hui.
 

#Posté le jeudi 24 mars 2011 05:56

  • Précédent
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
  • 6
  • 7
  • 8
  • 9
  • ... 13
  • Suivant

Design by PierreBellanger

Signaler un abus

Abonne-toi à mon blog ! (15 abonnés)

RSS

PierreBellanger

Masquer
OfficielPhoto de PierreBellanger
  • Suivre
  • Plus d'actions ▼
  • Bloquer
  • S'abonner à mon blog

    Création : 06/12/2010 à 10:52 Mise à jour : 22/10/2019 à 05:28

    Skyrock.com
    Découvrir
    • Skyrock

      • Publicité
      • Jobs
      • Contact
      • Sources
      • Poster sur mon blog
      • Développeurs
      • Signaler un abus
    • Infos

      • Ici T Libre
      • Sécurité
      • Conditions
      • Politique de confidentialité
      • Gestion de la publicité
      • Aide
      • En chiffres
    • Apps

      • Skyrock.com
      • Skyrock FM
      • Smax
    • Autres sites

      • Skyrock.fm
      • Tasanté
      • Zipalo
    • Blogs

      • L'équipe Skyrock
      • Music
      • Ciné
      • Sport
    • Versions

      • International (english)
      • France
      • Site mobile