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Sommaire

Internet est le serpent arc-en-ciel (New)

L'Internet Industriel - La marque sociale - The Future of Social Networks (en) - Le devenir des réseaux sociaux
 Une clef pour comprendre les évènements de Tunisie - Un Conseil pour le numérique -
La spécificité des 15-24 ans sur le web - Gagner la mondialisation - Gagner avec Skyrock - Communiquer avec Internet - Le débat Convergence - L'accès aux réseaux - Les trois Internets - La nétamorphose
La radio du futur - Le réseau social - Jean-François Bizot - SuperNana - Cursus
Le Tropisme de l'autre monde - L'Urgence numérique - Extension du « Je » - Le Dividende Numérique
La seconde fin du Moyen-Âge - L'avenir des opérateurs - Une politique industrielle - Entretien "Comprendre"
Propos sur l'innovation - Présentation du 6 juin 2008 - Le Président, la Lune et l'Internet
Contre la crise : Internet - Image des femmes dans les médias - La radio IP - Génération Obama
Ne nous trompons pas... (+ English) Diversité et Médias - Audition Grand Emprunt
Audition Création et Internet - Audition Neutralite du Net - Entretien avec Pierre Bellanger
La jeunesse, un mythe dépassé - Le marché conscient
Site officiel : PierreBellanger.com

#Posté le lundi 15 janvier 2018 04:32

Modifié le lundi 29 avril 2019 05:58

Une clef pour comprendre les évènements de Tunisie

Par Pierre Bellanger, président et fondateur de Skyrock

Le rôle clef de la France dans la révolution tunisienne n'a pas été vu. Il a été masqué par polémiques sur notre diplomatie et par la seule invocation des réseaux sociaux américains.

Chaque jour, pourtant, la nouvelle génération française démontre par Internet aux jeunesses francophones de par le monde que la liberté, le succès, la reconnaissance appartiennent à tous, quelles que soient ses origines, quels que soient les obstacles, et qu'il n'y a pas de fatalité. En direct à la radio - transmise par Internet ou échangée par cassettes - par millions de témoignages sur les blogs,  l'expression libre sur la sexualité, les joies, les rires, les soucis, les sentiments, les injustices, le bonheur se font entendre partout. Certains, ici, n'y ont vu que trivialité et vulgarité ;  là-bas, c'est en texte et en son, le goût de la liberté.

Les nouvelles générations des deux rives de la Méditerranée ont fusionné voici déjà quelques années pour ne former qu'un seul et même réseau culturel et électronique d'expériences et de sons partagés.  La ressemblance générationnelle, identitaire, a propagé, par-dessus les frontières, une expérience démocratique unique. Ce vibrant réseau de jeunes anonymes partageant leurs existences est resté sous le radar. Il a fallu les évènements récents de Tunisie pour en révéler la magnitude.

Cet écosystème souterrain de blogs, de profils, de micro-messages, de musique, de radios, de séries télés, de vidéos, de photos transitant par Internet et téléphones mobiles bruit à l'unisson.  Française, algérienne, marocaine ou tunisienne, la nouvelle génération kiffe les mêmes sons de rap et rnb, regarde les mêmes séries, les mêmes matches, écoute sur le web, la libre antenne de Difool et se retrouve sur des dizaines de millions de blogs publiés en français.

Et que disent-ils ? Pas de discours, pas de politique, pas de théorie, mais une immense envie de liberté, de reconnaissance, de s'en sortir, d'avoir son mot à dire sur sa propre vie et de ne laisser personne décider à sa place.

Méprisée souvent en France, discriminée, humiliée, la culture de la nouvelle génération et sa libre expression radio et Internet ont été au Sud, un moteur à suivre, un objectif : être libre. Même si des deux côtés, sans illusion, on partageait des frustrations semblables, des destins bloqués et le chômage.

La connexité du réseau a fondé une nouvelle génération consciente d'elle-même et informée en temps réel. La mixité des origines et des expériences échangées a instauré l'uniculture ouverte et mondialisée de la nouvelle génération francophone. C'est celle-là qui s'est embrasée l'occasion venue en Tunisie ; pour s'étendre ensuite, puisque soudain l'impensable devenait possible. Et chaque fois les écosystèmes électroniques se mettent en mouvement.

Sans nul doute, la nouvelle génération française a contribué à faire tomber le premier domino de ce printemps arabe.  Et voici, en retour, que nous revient cette formidable entrée dans la politique d'une jeunesse qu'on disait désintéressée de la chose publique et qui a fait tomber en quelques semaines deux dictateurs.
Qu'en ferons-nous ? Laisserons-nous encore, ici, en France, la nouvelle génération sur le côté, déclassée et ignorée ? N'y a-t-il pas là un vide politique majeur ? Vide comme la place Tahir. Qui, un jour, fut noire de monde.

#Posté le mercredi 09 mars 2011 06:02

Un Conseil pour le numérique

Réponse de M. Pierre Bellanger à la consultation sur la création  du Conseil national du numérique
 
Les pouvoirs publics ont pris l'initiative d'une instance consultative destinée à contribuer à l'élaboration de sa politique Internet.
Nombre de commissions existent déjà, couvrant la plupart des secteurs d'activité, avec des résultats inégaux.

Deux principaux écueils sont d'emblée à éviter :
 
- l'écueil de l'autorité de tutelle. L'expérience montre qu'une administration, prenant par exemple  la forme d'une autorité administrative indépendante, et ne décidant pas sur de seuls critères objectifs, n'évitera pas les dysfonctionnements. Cumulant les pouvoirs de réglementation, d'autorisation et de sanction, privés de légitimité démocratique, agissant en tribunal d'exception et soumise aux connivences, une telle instance dotée de pouvoirs se muerait, indépendamment de la qualité de ses membres, en un arbitraire vassal des intérêts en place. Par ailleurs, un environnement réglementaire perverti ne jouerait que contre les acteurs nationaux, les autres trouvant toujours la ressource pour y échapper ou se rattraper sur d'autres territoires.
- l'écueil du gadget. Passé l'effet d'annonce et de quelques nominations exotiques,  peut-être pauvre en moyens, objet de polémique pour rivaux politiques et éconduits déçus, concurrencé par des instances rivales - suscitées pour l'occasion - et, bien entendu, sa représentativité contestée, le Conseil aura certainement, bien vite, dans la tourmente qui précède l'oubli, une ou deux bourdes à son actif, ce qui précipitera son abandon, retardant d'autant le progrès de l'Internet français. 
 
Car un Conseil pour le numérique n'est cependant pas un simple organisme supplémentaire dont l'échec serait sans conséquences.

Et cela, pour quatre raisons :

Pas de souveraineté nationale sans souveraineté numérique. L'Internet est un réseau mondial sous contrôle des États-Unis. Les entreprises américaines y  sont le plus souvent dominantes. La dépendance et le transfert de valeur occasionnés par ce déséquilibre doivent amener les pouvoirs publics à mettre en ½uvre une politique industrielle de l'Internet avec la même volonté que celle manifestée pour le cinéma ou l'aéronautique.
Par ailleurs, la réglementation nationale traditionnelle en milieu fermé est remise en cause par la mondialisation du réseau. Il faut désormais inventer un droit en milieu ouvert qui prenne en compte de nouveaux rapports de force avec les individus, les entreprises et les États. La souveraineté de demain ne se fonde plus sur la seule coercition, mais sur l'attraction d'un droit garant et dynamique en coopération, comme en compétition, avec les autres réglementations nationales.

L'Internet est le nouveau moteur de nos sociétés. Ce qui confère à toute intervention publique le concernant des effets universels. Une commission ad hoc sur l'Internet ne répond donc pas seulement d'une logique de filière, mais est, de fait, structurante pour la société tout entière.
L'Internet est la mise en relation des intelligences informatiques. La connexion au réseau accroît l'utilité et le potentiel de ce qui s'y connecte. L'Internet est le principal levier de création de valeur des temps modernes.
Cette propriété de multiplicateur de valeur fait de l'Internet un agent de mutation de l'économie : ce qui s'inscrit dans la dynamique Internet croît, ce qui ne s'y couple pas décroît.
Le déploiement du réseau physique fixe et mobile est au c½ur de notre croissance. Mais pas seulement : la principale industrie de l'Internet est le code informatique. Le code se place au sommet de la chaîne de valeur qu'il concentre à son profit. Ainsi donc l'écosystème national des sociétés de services en ligne est une priorité.

L'Internet, un catalyseur à protéger. L'Internet est n'est pas un objet fixe mais un processus en mutation permanente. Sa vitalité provient de son évolutivité sans frein et d'une ouverture sans précédent à l'expérimentation par chacun. Cette liberté de création et d'entreprise sans restriction d'accès doit être garantie et préservée. Pourquoi serait-elle en danger ? Parce que l'Internet est une force disruptive sans équivalent. Il remet en cause le système, ses rentes et ses positions. Il suscite donc des oppositions féroces de la part des puissances installées et maintenant bousculées.
L'Internet participe de la régénération des sociétés en renouvelant les sources de valeur et de productivité. Pour l'intérêt général, il doit en conséquence être protégé des intérêts particuliers dominants. Les pouvoirs publics n'agissent pas différemment lorsqu'ils maintiennent contre les intérêts en place les conditions de la concurrence.

L'Internet est constitutif de nos libertés et de nos chances dans l'existence. L'Internet c'est la liberté plus l'électricité. Il répond d'une double logique qui devrait être inscrite dans la loi : celle d'une liberté fondamentale et par conséquent voir ses restrictions circonscrites et pertinentes, à la manière des limitations apportées au Premier Amendement de la Constitution américaine qui garantit notamment la liberté d'expression et la liberté de la Presse ; et celle d'un bien essentiel au sens de la loi française sur le service public de l'électricité.

Comment garantir alors l'efficacité et le succès d'un Conseil ? Par la légitimité. La légitimité divine, aussi fascinante soit-elle, n'est qu'initiale. La légitimité n'est ensuite ni dans l'allégeance, ni dans les arrangements, elle se gagne peu à peu par le travail et l'affirmation des positions.
 
Elle ressort surtout de l'opinion publique. C'est ici que cette instance doit et peut changer la donne. Le moyen est de fonctionner comme un réseau. Elle devra être le moteur d'une réticulation démocratique de l'intelligence collective, un lieu virtuel de débat, de contribution et de formation d'opinion.
 
Le Conseil doit être un incubateur-réacteur de réflexion et de propositions ouvert à tous les internautes, ouvert sur l'Europe et sur le Monde.
 
De cette conversation en réseau émergera une légitimité nouvelle à l'image de l'incroyable force de changement que constitue Internet, réseau d'anonymes en constant mouvement.
 
Cette légitimité sera indispensable lorsqu'il faudra faire entrer Internet au centre de notre système démocratique par une loi-cadre fondamentale, équivalente à la loi sur la Presse de 1881. Elle sera indispensable pour qu'Internet, en tant qu'industrie, obtienne enfin une reconnaissance équivalente à l'agriculture ou à l'automobile. Notre avenir se joue sur notre capacité à mettre le réseau au c½ur de notre croissance. 

#Posté le lundi 28 février 2011 09:10

Les spécificités des 15-25 ans sur le web

Participation de Pierre Bellanger à la première édition du TechCrunch Remix, organisée par la jeune équipe de Techcrunch France, qui avait pour thème “le web pour et par la nouvelle génération”.
Pierre Bellanger intervenait dans le Panel : Les spécificités des 15-25ans sur le web avec Pierre-Eric Jacoupy de Microsoft/Windows Live, Eric Chaurial de Allocine, Tristan Collombet de Prizee et Nicolas Gaume de Mimesis Republic.

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#Posté le mardi 18 janvier 2011 11:00

Modifié le mardi 18 janvier 2011 11:27

Gagner la mondialisation

Contribution de M. Pierre Bellanger
à la Mission sur la dimension sociale de la mondialisation
confiée à Mme Christine Boutin


Avant-propos :
Nous faisons de la radio. Skyrock est la première radio de France de la nouvelle génération. Ici, une administration réfléchit longuement, parfois des années, à l'opportunité de nous donner, ou non, une autorisation d'émettre sur telle ou telle ville. Nous faisons aussi de l'Internet. Skyrock.com est le premier réseau social de blogs français et européen. Nous sommes en évolution rapide et en compétition avec les services concurrents de la terre entière. Je vis chaque jour dans ces deux mondes, celui d'avant et celui d'après.


Tentative de définition et mise en perspective :
La mondialisation est la croissance planétaire des interdépendances humaines. Elle est un processus mécanique, progressif, récurrent et réversible dont les expressions principales dans le passé ont pris la forme d'empires antiques, médiévaux, coloniaux ou de dominations militaires et commerciales.

L'interdépendance maximale a d'ores et déjà été atteinte, depuis le milieu du XXe siècle, par la menace nucléaire, puisque la décision d'un seul, à des milliers de kilomètres d'ici, peut mettre fin à nos vies à tout instant.

La conceptualisation contemporaine de la mondialisation date de la fin du siècle dernier et a caractérisé simultanément, le développement des échanges, la montée en puissance de nouveaux acteurs majeurs, la fin de l'empire soviétique, la généralisation du modèle économique nord-américain, la prise de conscience écologique, la planétarisation de la culture anglo-saxonne et l'impact permanent - et non plus exceptionnel - de causes économiques extérieures sur nos sociétés.

Cette mondialisation a été portée par la chute des coûts de transport. Celui des atomes d'abord : le prix du pétrole permet de déplacer les marchandises comme jamais auparavant ; et celui des bits ensuite : les télécommunications, et désormais l'Internet, permettent de transférer l'information tout autour de la Terre à un prix quasi nul.

La mondialisation est tout à la fois le processus et l'accomplissement de ce processus. Le processus est le passage d'un état d'équilibre à un autre ; le passage de l'hétérogénéité à l'homogénéité. Et cette synthèse à venir est la finalité de la mondialisation.
La caractéristique de la mondialisation actuelle est qu'elle ne résulte plus de l'hégémonie d'un seul s'imposant aux autres, mais d'un processus global sans direction apparente, si ce n'est sa propre logique. C'est une machine sans interrupteur.

Cette mondialisation, puisque sans pilote ni conquérant, laissent intacts les États qui conservent le monopole de la violence sur leur territoire ainsi que l'ensemble des prérogatives régaliennes et organisations politiques et sociales qui en découlent. Par conséquent, l'accroissement des flux ne s'accompagne pas d'une décristallisation des nations.

Il y a donc un processus d'osmose à l'½uvre : lorsque deux solutions contenant des substances dissoutes à des concentrations différentes sont mises en présence, mais séparées par une membrane poreuse, les concentrations de la substance dans les deux solutions s'équilibrent. Ainsi, la recherche de l'optimum économique conduit, au niveau international, à la convergence des coûts du travail, des connaissances, des technologies, des cultures, des niveaux de vie, de la productivité des services et des industries ainsi que de la qualité des administrations et des infrastructures.

Mais cette osmose a lieu sans coalescence, ce phénomène qui se produit lorsque des gouttelettes rapprochées fusionnent, tels le mercure et l'huile. La mondialisation ne s'accompagne pas de la naissance d'un macro-état universel issu de l'intégration des États-nations.


Conséquences nationales :
L'osmose mondiale a des conséquences nationales aujourd'hui connues. Dans les pays les plus développés, la classe moyenne, groupe central de la société, qui ne cessait d'agréger par le haut et par le bas, est entrée en contraction. La mondialisation met en péril les mécanismes qui fondèrent sa croissance et entraîne, à l'inverse, une évasion minoritaire vers le haut et un effritement conséquent vers le bas. Dans les pays ascendants, au contraire, se constitue une nouvelle classe moyenne, de récentes élites, tandis que des millions s'extraient de la pauvreté.

Ces évènements dramatiques qui échappent aux souverainetés nationales ont entraîné de multiples réactions politiques dans les pays avancés. L'opinion commune blâme le rôle négatif de la mondialisation sur les écosystèmes nationaux situés aujourd'hui au-dessus de la moyenne mondiale et par conséquent soumis à une pression vers le bas. La puissance publique est alors appelée en protection et son action la plus fréquente a été le maintien des systèmes pré-mondialistes, soit en les conservant en l'état par l'endettement, soit en forçant, ou favorisant, des adaptations compétitives pour maintenir l'essentiel.

Mais les opinions publiques inquiètes ressentent la précarité de la situation actuelle et semblent hésiter sur la suite comme prises de vertige à la proximité d'un précipice.

Cette angoisse est accrue par le fait que cette mondialisation nous était invisible tant que dominée par les grands acteurs occidentaux. Elle était normale tant que poursuivant la tradition de l'expansion européenne des quatre derniers siècles. Elle devient étrangère et problématique dès lors qu'elle prend le visage de l'Inde ou de la Chine. S'y ajoutent les migrations du Sud vers le Nord et les difficiles coexistences qu'elles viennent à engendrer.

Un sentiment de crainte naît de la conjugaison de ces changements : perte de maîtrise de son destin, déclin, attaque contre son mode de vie, ses croyances, envahissement, appauvrissement, déclassement, humiliation, délitement et cette idée, qui se propage, que ce qui semblait jadis éternel pourrait bien avoir une fin. Une radicalisation de résistance prend de l'ampleur.

Les pays tirés vers le haut par la mondialisation ne sont pas exempts de tensions. Bien au contraire. Si les sociétés modernes et ouvertes souffrent de la mondialisation, les sociétés traditionnelles et jadis fermées traversent les affres d'une situation explosive. Notre problème est celui d'une évolution, le leur est celui d'une mutation. Là aussi, les radicalités offensives surgissent.

La mondialisation ne fonde pas un état de droit, elle est un terrain de jeu sans règle. Comment appelle-t-on un jeu sans règle : une guerre. Ses armes ne sont pas forcément directement létales, mais prennent la forme d'alliances, de traités, de trafics, d'organisations criminelles, de vols, de corruptions, de conflits régionaux, de gestion mafieuse des rapports de force et aussi de commerce ...

Le sort, par exemple, fait à la propriété industrielle et intellectuelle et son pillage mondial ne doit laisser aucun doute sur l'absence de droit et sur la brutalité barbare qui est presque partout la norme.

Les États de droit démocratiques aux d'économies fortes, apparaissent, malgré les crises et les épreuves endurées par beaucoup, comme des havres féeriques, ce qui est d'autant plus angoissant.


Le contexte français :
La France, dans ce contexte, se trouve - comme nombre d'autres pays - menacée, sur la défensive, et, a priori, contrainte à un rétrécissement inexorable de sa puissance. Les symboles de sa grandeur passée tombent les uns après les autres tandis que la nation s'appauvrit et se vassalise à des intérêts extérieurs.

Mais, qu'est-ce que la France ? Un incroyable bricolage historique cimenté par les intérêts et drapé d'un rêve exaltant. C'est une chimère absurde en apparence, mais d'un phénoménal pragmatisme. C'est le mariage improbable de l'économie de marché et du dirigisme, de l'aristocratie et de l'égalitarisme. Ici, on planifie le libéralisme et on démocratise les privilèges. Les dés sont pipés par définition et chacun d'½uvrer à son propre avantage auprès du maître du jeu.

Il en ressort une construction artificielle, rigide, parce que fragile, accumulant les droits et les rentes et court-circuitée de partout par les réseaux de connivences. Une forteresse fermée excluant à tour de bras qui est trop jeune, trop vieux, trop différent, mais truffée de branchements incertains comme l'éclairage public de Mumbay.

Il est probable que le système n'est pas conçu pour fonctionner, mais pour dysfonctionner afin de susciter d'ingénieux arrangements.

Soumis au changement, le système tout à la fois s'arc-boute et se braque multipliant les écarts jusqu'à froisser son propre rêve originel. L'immigration en est l'exemple avec ses puits de pauvreté que sont les ghettos urbains et sa représentation nationale trop homogène. Mais en parallèle, le système se révèle être une des meilleures machines à intégrer des démocraties européennes.

Tel est donc le paradoxe français. C'est donc avec cette combinaison de cartes que nous, gagnants de l'ordre précédent, affrontons la redistribution de la mondialisation.


Choisir sa logique :
Y a-t-il une fatalité au déclassement ? Il est difficile d'y répondre. Mais cette incertitude sur l'issue doit être la raison de notre résilience. L'isolement de la communauté mondiale comme seule politique a partout montré ses effets désastreux : le découplage protectionniste généralisé accroît au final la pauvreté. L'alignement sur le dénominateur mondial constituerait, quant à lui, un recul sans précédent qui s'achèverait dans une course sans fin à la rentabilisation de la misère.

Il faut donc préserver ce qui fait la valeur de notre écosystème : la liberté, la sûreté et la prospérité, pour chacun et partagées par tous. Partagées par égoïsme, car l'universalité des droits en est la meilleure garantie pour chacun, car l'élévation de tous accélère le progrès de chacun. Cette dynamique individuelle et collective fonde une création de richesses, une influence, une puissance. Puissance qui, à son tour, est la garantie de l'écosystème.


Quelques pistes :
Telle est la pertinence de la nation moderne : incarner cet écosystème vertueux dans la jungle mondiale. Et dans la cacophonie des nations, la voix la plus forte est celle qui se fait le mieux entendre. S'impose ici à nous, le miracle européen. Dans cette mondialisation sans coalescence forcée, nous avons le choix et la chance de la coalescence volontaire et par conséquent de constituer un écosystème majeur grâce à la communauté européenne avec laquelle nous partageons déjà tant. L'Europe est notre répit, notre rempart et notre tremplin. Il faut en accélérer la fédération et prendre des initiatives majeures.

Et après cette coalescence salvatrice, revenons à l'osmose. Le libre-échange permet l'entrée des marchandises et des services à distance sur notre marché. Ces produits et prestations souvent moins chers que leurs équivalents nationaux améliorent le pouvoir d'achat, accroissent la compétitivité des produits et services auxquels ils sont intégrés, apportent des choix nouveaux et stimulent la concurrence. Cependant, ces avantages se payent puisqu'en substituant une production extérieure à la nôtre, nous réduisons l'assiette des prélèvements sociaux calculés sur cette même production et par conséquent nous nous contraignons, soit à l'accroissement de ces prélèvements ce qui nous rendra encore moins compétitifs, soit à nous endetter ce qui nous appauvrira. La mondialisation et le libre-échange impliquent de changer de système et d'asseoir les prélèvements sociaux sur la consommation et non plus sur la production.

Un tel système, assorti d'un volet de protection des revenus les plus faibles, rend la production plus compétitive et rééquilibre partiellement le jeu avec la concurrence internationale.

L'osmose, c'est aussi la perméabilité de la membrane. Plus l'intérieur est grand plus nous avons de pouvoir sur l'extérieur. C'est la logique européenne. La politique à nos frontières communautaires doit faire de l'accès à notre marché intérieur un enjeu de négociations. L'ensemble des produits entrants devront se conformer plus qu'aujourd'hui à un respect de règles sanitaires, sociales et environnementales pour entrer sur un des premiers marchés mondiaux.

Enfin, la puissance européenne doit faire de l'euro un vrai pouvoir au niveau mondial qui pèse de tout son poids pour favoriser nos intérêts dans les parités entre devises. Nos efforts peuvent être écrasés par le vol de croissance qu'est une surévaluation de notre monnaie. Il faut en ce domaine savoir prendre l'offensive.

Cela ne couvrira pas le différentiel de niveaux de vie, mais rééquilibrera la compétition sur le terrain où nous pouvons agir sans régresser : la productivité. Produire plus et mieux pour le même prix afin de compenser le prix du travail élevé. Nous ne nous alignerons pas sur les coûts du travail, nous devons être meilleurs sur les coûts de production. Il n'y a pas le choix. Cela signifie qualifier tous les emplois substituables à l'extérieur, par la formation et par la technologie.


Nouvelle orientation :
En termes de politique générale, cela signifie une orientation majeure de notre économie vers l'investissement. Investissement dans les personnes par l'éducation et la formation, investissement dans la recherche et l'innovation. Les emplois de demain impliquent la maîtrise des technologies et de l'informatique pour garantir leur productivité, ils impliquent de nouvelles qualifications.

Les sommes considérables aujourd'hui allouées à maintenir des industries dépassées doivent être reconverties dans des productions d'avenir. Faisons le choix de la fusée, plutôt que du musée. Nous pouvons être en tête sur les BRING (biologie, robotique, nanotechnologie, génétique). Pourquoi pas ? Avons-nous même le choix lorsqu'à la mondialisation s'ajoutent les crises environnementales, démographiques et technologiques ? Et que l'on ne s'en sortira qu'en imaginant les premiers le meilleur de ce monde nouveau.

L'Internet est dans cette dynamique une carte maîtresse. La France a entrepris de se doter d'un réseau moderne, il lui manque un réseau dédié à l'Internet mobile et surtout une politique industrielle des services Internet qui, tout à la fois, accélèrerait l'économie entière, mais aussi donnerait à la France une place vitale dans la fusion mondiale de l'informatique et des télécommunications. L'Internet est le seul processus qui va plus vite que la mondialisation traditionnelle. C'est un générateur de productivité qui peut contrebalancer les transferts de travail et d'industrie et une clef pour l'emploi et les perspectives de la nouvelle génération.


Nouvelle vision :
Et puis cela nécessite une nouvelle vision de l'État : le passage de l'État providence à l'État prestataire.

L'État Providence n'a plus les moyens, l'État prestataire nous les donne. Les États-nations, la communauté européenne, sont désormais en concurrence avec tous les autres États et alliances mondiales. La mondialisation transforme les États en sociétés de service en compétition.

La fiscalité doit correspondre à un véritable service. Si nous avons tous intérêt à une assurance santé globale, encore faut-il qu'elle soit au meilleur prix. Il en va de même de l'éducation, des infrastructures, des télécommunications, de la législation, de la fiscalité et de l'efficacité des administrations.

Chaque loi, chaque taxe, chaque université, chaque ministère, chaque fonction publique sont en concurrence avec toutes les autres. L'isolement des administrations est fini, elles doivent être jugées comparées aux performances et aux pratiques de leurs collègues ou rivales et réformées en conséquence.

Nous avons l'extraordinaire avantage d'être des sociétés ouvertes et démocratiques en crise perpétuelle. C'est la forme idéale par rapport à cette mondialisation, qui, si elle donne pour l'instant un avantage apparent aux sociétés qui intériorisent par la force leurs conflits et tensions, oblige au final à l'ouverture par la pression populaire et l'impératif d'évolution à rythme accéléré.

Cette mondialisation peut devenir un atout, car elle conduit inexorablement à un monde ouvert où les individus circulent librement. Il faut alors que la Communauté européenne soit la nouvelle Amérique et la France, sa Californie.

Nous devons être cet écosystème levier qui permet à chacun de maximiser ses chances et de s'accomplir. L'écosystème où nos efforts et notre contribution seront reconnus. C'est sur nos territoires que les futurs champions mondiaux, les artistes, les inventeurs, les entrepreneurs et tous les autres doivent pouvoir prendre leur essor. L'Internet est un bon exemple : la logique du réseau fait que chaque connecté accroît sa valeur en se connectant et accroît celle de l'ensemble. Chaque idée, chaque entreprise est démultipliée par la puissance du réseau. C'est ce type d'effet multiplicateur qu'apporteront aux individus et à leurs initiatives les pays ou alliances dominantes de demain. Nous devons devenir l'écosystème où l'on a raison d'élever ses enfants parce qu'ils auront la chance d'une meilleure vie que soi. Le mieux-vivre ensemble est notre horizon européen.

Cela veut dire abandonner tout de suite nos pratiques d'exclusion. Le sacrifice de la nouvelle génération française au bénéfice des intérêts installés est un signal terrible envoyé à nous-mêmes et au monde entier. C'est la signature de notre naufrage volontaire. À l'inverse, lorsque nous ferons confiance enfin à cette jeune génération et investirons massivement en elle ce sera le premier signe de notre renaissance.

La France dans l'Europe est-elle capable de gagner la mondialisation ? Elle en a les atouts, une vraie capacité de mobilisation publique, des ressources considérables, des talents majeurs. Et puis sa nature même est un avantage, car elle est aussi improbable que la nouvelle étape à imaginer, étape qui ne procédera certainement pas d'un plan, mais d'un assemblage d'opportunités parfois contradictoires : comme un grand bricolage ... Un bricolage ? Nous sommes sauvés !

4-11-10

#Posté le vendredi 07 janvier 2011 03:45

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#Posté le mardi 07 décembre 2010 10:44

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